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ruses et relever ces défauts, et c’est dans l’étude de la nature qu’il trouvera pour cela les plus précieux enseignemens. « La meilleure arme de chasse, disait Ditzel, chasseur allemand émérite, est la connaissance de l’histoire naturelle. » Celui qui sait quelles sont les mœurs du gibier peut en effet tenir compte de l’état de l’atmosphère, de la configuration du terrain, des cultures qui le recouvrent, toutes choses qui influent sur la direction de l’animal poursuivi. C’est grâce à une observation constante que les gardes et les braconniers deviennent de si habiles chasseurs, et qu’ils savent toujours sur quels points ils doivent porter leurs recherches.

Le chevreuil se chasse soit, comme le lièvre, à tir avec des chiens courans, soit au moyen de traqueurs. Il en est de même du sanglier, pour lequel il faut des chiens spéciaux, très vigoureux, dressés à coiffer l’animal, c’est-à-dire à le saisir par les oreilles et à l’arrêter. Il arrive parfois qu’en leur faisant tête celui-ci en éventre quelques-uns avant l’arrivée du chasseur, ou même qu’il se tourne contre ce dernier. Ce sont des péripéties qui demandent beaucoup de sang-froid, mais qui donnent l’émotion qu’on recherche, et rappellent de loin le temps où l’homme disputait aux bêtes fauves sa place sur la terre.

La véritable bête de chasse, c’est le cerf. Il se plaît dans les hautes futaies de chênes et de hêtres entrecoupées de prairies, de ravins et de ruisseaux; mais il ne se rencontre plus guère en France que dans quelques grandes forêts du nord et du centre, comme celles de Lyons, de Villers-Cotterets, d’Orléans, et surtout dans celles de Compiègne, de Fontainebleau, de Rambouillet et de Saint-Germain, affectées à la dotation de la couronne. Les cerfs vivent ordinairement en troupes, et quand ils sont nombreux, ils sont très nuisibles. Exclusivement herbivores, ils vont pendant la nuit ravager les cultures voisines, et à leur défaut se rabattent sur les forêts. Ils brou-tent les jeunes arbres et en entravent la croissance pendant plusieurs années. On peut, il est vrai, diminuer le mal en entourant les coupes de clôtures jusqu’à ce que les bois soient assez forts pour ne plus rien avoir à redouter; mais c’est un remède fort dispendieux et qui ne peut être efficace que sous la condition d’une surveillance incessante.

Le cerf perd chaque année ses bois, qui repoussent en produisant de nouveaux andouillers. Le nombre de ces andouillers augmente jusqu’à sept ans; à partir de cette époque, l’âge de l’animal ne se distingue plus que par l’étendue de l’empaumure. Les noms de faon, hère daguet, deuxième tête, troisième tête quatrième tête, dix cors jeunement, dix cors et vieux cerf caractérisent en langage de vénerie les diverses phases de la vie du cerf. La vénerie est une véri-