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aux courses. Cet attrait est si irrésistible qu’il a vaincu, dit-on, plus d’une fois chez les jeunes paysannes les hésitations du cœur. Le 1er août se signale aussi dans le calendrier des courses ; c’est le grand jour des Goodwood races, celui de la fameuse coupe qui excite à un si haut degré l’ambition des turfites. Si quelque chose pouvait réconcilier un étranger, et surtout un enfant de la révolution française, avec le droit d’aînesse, ce serait le magnifique parc du duc de Richmond, dont une des collines domine le terrain des courses, et qui s’étend à perte de vue sur un horizon d’une beauté ravissante. L’Angleterre perdrait à la division de ce domaine une des plus délicieuses promenades qui existent au monde.

La même société qui a assisté aux courses de Goodwood se rend volontiers à celles de Brighton, qui ont lieu le 7 août. Brighton, c’est Londres transporté au bord de la mer. Le théâtre des courses, qui se déroule sur les dunes et à deux pas de l’Océan, a vraiment un caractère de grandeur qui naît surtout de l’association des faits. Il existe une sorte d’harmonie, remarquée d’ailleurs par les poètes anglais, entre ces deux ouvrages de la nature, — le cheval et la mer. Byron, qui aimait l’un et l’autre, n’a-t-il point comparé l’écume des vagues à la crinière des coursiers ? Vers la fin de la belle saison, le 18 septembre, le grand jour du Saint-Léger, great Saint-Leger day, attire d’un autre côté un vaste concours de turfites, de betting men, de fermiers et de curieux dans la ville de Doncaster. On y afflue de tous les points de l’Yorkshire, et le railway y entraîne même une grande partie de la population de Londres. C’est le carnaval du nord de l’Angleterre, qui tient à honneur de disputer au midi la palme du turf. Après le Derby, il n’est point de course dont la victoire soit plus recherchée. Le nom de cette fête ne se rapporte pas, comme on pourrait le croire, au jour de l’année. Saint Léger était un amateur du turf et un homme d’esprit dont on cite plus d’un mot heureux. Un jour qu’il paraissait devant une cour de justice, il se hâta de prononcer-avec un air de hardiesse la formule ordinaire : « Je le jure ! — Vous êtes bien prompt à prêter serment, fit observer le président du tribunal. — Je le crois bien, répondit l’autre, je suis le fils d’un juge. » Je n’en finirais pas, si je signalais tous les autres meetings plus ou moins importans qui commencent avec le printemps et qui se prolongent très avant dans l’automne.

Notre attention ne doit-elle pas maintenant se porter sur le héros de ces fêtes, sur le cheval ? A plus d’un point de vue, le cheval anglais, surtout le cheval de course, est une création de l’industrie humaine. Il sera donc curieux d’étudier la manière dont la race s’est formée, les soins qu’on donne au jeune animal et la méthode selon laquelle on l’élève. Pour cela, il faut se transporter à Newmarket,