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Tout refus ou tout délai entraînait la dénonciation des contribuables récalcitrans aux agens de l’échiquier, ils se chargeaient de lui apprendre alors que l’emprunt dit volontaire était un emprunt forcé.

Mal concertée, mal conduite, l’expédition contre Cadix, conçue par Buckingham dans un véritable esprit de piraterie, avait échoué misérablement. Plus que jamais, il fallait recourir aux communes. Williams, qu’on rappellera plus tard pour remployer à d’indignes trahisons, est définitivement renvoyé à son siège épiscopal. Buckingham et son jeune maître cherchent les moyens de se concilier ce parlement dont l’austérité religieuse les effraie. La paix pourra se faire avec lui aux dépens des catholiques, jusque-là protégés par le roi, dénoncés à grand bruit par les communes, et qu’on persécutera pour leur complaire nonobstant les traités passés secrètement avec la France, et dont elle réclamera vainement l’exécution. Pour sauver Buckingham, contre lequel se manifestait, après un moment de faveur populaire, un terrible retour d’opinion, son maître cherchait aussi à éliminer de la chambre, en les plaçant sur la liste des shériffs, sept de ses plus redoutables antagonistes : misérables manœuvres, bientôt percées à jour, et qui, au lieu d’arrêter l’opposition, la déterminèrent à précipiter ses coups.

Le second parlement se réunit ; abord mielleux des deux parts et méfiances réciproques. Le roi remercie les députés de lui signaler de grands maux et d’en chercher les remèdes ; mais, averti par l’expérience passée, il ne veut pas que le redressement de ces griefs serve à motiver les votes de finances. « Comme parenthèse, leur dit-il, j’accepterai vos plaintes ; comme conditions, je n’en veux point. » Or les griefs du parlement-portent précisément sur la levée des impôts, et jusqu’à ce que le gouvernement se soit expliqué sur « seize » abus subversifs des libertés du peuple, on promettra de voter (sans les voter en effet) une portion des subsides. Charles s’irrite, il menace, il mande ses fidèles communes par-devant les lords, et quand il pense les avoir terrifiées par ses reproches, le comité des « maux, causes et remèdes » lui dénonce Buckingham, contre lequel une accusation formidable se prépare. Charles, d’une maladresse conduit à une autre, se crée gratuitement des difficultés avec la pairie au moment où il faudrait se servir d’elle contre la représentation populaire. Forcé de reculer après avoir emprisonné illégalement Arundel, il se fait, à propos de Bristol, jadis ambassadeur en Espagne, et dont il redoutait les révélations indiscrètes, une autre mauvaise affaire d’où il sort tout aussi mauvais marchand.