Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consacrée à la culture ? Quelle place occupent les divers produits ? A quel chiffre monte le total de la production agricole ? Combien compte-t-on de propriétaires et de cultivateurs ? À combien estime-t-on la valeur de la propriété foncière, le capital d’exploitation, la rente ? Quelle influence exerce la constitution de la propriété et de la culture sur la condition des habitans ? Telles sont quelques-unes des questions qui se présentent maintenant. Sans doute il est plus agréable de visiter les campagnes, de décrire les aspects de la nature et les productions du sol, de saisir la vie rurale dans ce qu’elle a de toujours poétique et de toujours nouveau ; toutefois les chiffres offrent des enseignemens plus profonds encore et des indications aussi nécessaires.


I

Lorsqu’on connaît la portion de territoire qu’une nation consacre à chaque espèce de produit, on peut déjà se faire une idée approximative de la manière de vivre des habitans et du degré de bien-être dont ils jouissent. C’est là donc avant tout le premier point qu’il faut éclaircir. Le cadastre assigne au territoire de la Belgique une superficie de 2,945,593 hectares, dont 2,600,000 hectares constituent, d’après le recensement de 1846, le domaine agricole proprement dit[1]. Sur les 1,800,000 hectares qui, déduction faite des terrains vagues et des bois, peuvent être considérés comme terre arable, à peu près la moitié est consacrée à des récoltes épuisantes, aux céréales et aux plantes industrielles ; l’autre moitié, y compris les secondes récoltes, produit des plantes fourragères, herbes, navets, légumineuses de différentes espèces, qui, consommées dans les exploitations par le bétail, tendent au contraire à entretenir, et même à augmenter la fertilité du sol. L’influence favorable que ce genre de culture exerce sur l’ensemble de la production agricole est un fait qui aujourd’hui ne trouve plus de contradicteurs. On a même constaté un rapport exact entre la quantité

  1. Voici comment se partageait l’étendue du domaine agricole en Belgique à cette époque :
    hectares
    Froment, épeautre, méteil 325,016
    Seigle et sarrasin 310,049
    Avoine et orge 232,135
    Plantes industrielles et jardins 115,553
    Fourrages et légumineuses 224,423
    Racines 131,862
    Prairies permanentes 362,307
    Jachères 80,908
    Bois 485,665
    Terrains vagues 324,214