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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1862.



C’est le sort des discussions politiques qui ne sont que des discussions, qui ne produisent point d’actes, qui ne sont pas sanctionnées par des effets pratiques, de vieillir très vite. Les débats de l’adresse ne semblent-ils pas déjà bien loin de nous? C’est pourtant le 20 mars seulement que ce tournoi parlementaire a pris fin. Les dernières journées ont peut-être été les plus chaudes; elles ont été consacrées aux finances, à l’examen de la nouvelle politique commerciale, à l’appréciation des conséquences du traité de commerce. Les questions les plus importantes, à notre avis, ont donc été accumulées sur ces derniers jours. Cependant tout cela est maintenant si complètement englouti dans le passé que nous éprouvons une sorte de honte à venir en parler encore. Si nous nous attardons ainsi sur les derniers incidens de la discussion de l’adresse, nous avons du moins une meilleure excuse que les nécessités de notre périodicité bi-mensuelle. L’opinion publique, en politique, déserte les faits consommés pour s’attacher de préférence aux faits à venir. La question prochaine, celle qui doit être, à vrai dire, la crise de la présente session, est le double budget, ordinaire et extraordinaire, la question financière. Or les derniers débats de l’adresse se relient naturellement aux futures discussions financières; ils en ont été en quelque sorte la préface. Nous pouvons les mentionner sans tourner le dos à ce qui sera l’intérêt de demain.

Pour en finir d’ailleurs avec l’adresse en général, on ne s’étonnera point que nous ayons à dire un mot du discours que M. de Morny a prononcé au terme du débat. L’honorable président du corps législatif a pris une attitude et joué un rôle qui méritent d’être observés par les amateurs qui sont curieux de connaître l’esprit de notre système parlementaire actuel. D’abord il est visible qu’il ne saurait être assimilé à aucun des hommes éminens par lesquels ont été présidées nos anciennes assemblées politiques. On sait que, dans l’ancien système parlementaire, le président était l’homme de la chambre, son élu, son représentant et son organe. De cette origine décou-