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LES MARINES
DE LA FRANCE ET DE L'ANGLETERRE
DEPUIS 1815

II.
LA MARINE A VAPEUR.


I. — LE VAISSEAU A VAPEUR.

Le 1er octobre 1853, par une magnifique matinée d’automne, le paquebot sur lequel j’avais pris passage, le Caire, commandé par M. Garbeyron, alors lieutenant de vaisseau, reconnaissait à toute distance devant lui les hautes terres de la Troade et la flotte anglo-française mouillée dans la baie de Bésika, à l’ouvert et dans l’est du détroit des Dardanelles. Je n’ai pas besoin de dire que c’était un beau spectacle : à gauche, Lemnos, Imbro, Ténédos ; à droite, la côte de l’Asie-Mineure ; devant nous, la plage où s’était, il y a trois mille ans, vidée pour la première fois cette question d’Orient qui reparaissait alors d’une façon si menaçante, et en avant de cette plage l’armée navale la plus parfaite que le génie de la guerre eût encore rassemblée sur les flots. C’était le dire des marins, et je me serais bien donné garde de penser autrement qu’eux.

Ce brillant armement sur lequel nous nous dirigions, et qui devenait à chaque instant plus distinct à nos yeux, se composait de dix-