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POÉSIE

PAGES INTIMES.

I. — DÉMÉNAGEMENT.


Nous étions deux dans ce logis,
Depuis le jour où nous montâmes,
Graves, émus, les yeux rougis,
Élevant vers Dieu nos deux âmes !

Nous sommes deux pour en sortir !
Le livre est à la même page.
L’aveu nous coûte, sans mentir !
Nous sommes deux, pas davantage.

Il nous plaisait, le cher abri,
Paré pour un long tête-à-tête,
Où l’avenir nous a souri,
Où deux ans l’amour nous fit fête.

Tranquilles nous avons goûté,
Sous le toit qu’elle sanctifie,
La tendre et pure intimité
Qui par le temps se fortifie.

Et cependant nous vous quittons,
Chambrettes du premier ménage !
Cœurs ingrats ! et nous emportons
Tout ce passé dans le bagage !…

Bientôt l’oubli, dans son lointain,
Effacera, comme un vain songe,