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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/1018

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tion du parlement, il a secondé une combinaison qui assure l’avenir des institutions constitutionnelles en Italie.

Le ministère qui s’est formé sous la présidence de M. Farini est à nos yeux le meilleur que puisse produire l’Italie. Le génie de M. de Cavour manque sans doute, mais l’on peut dire que sa tradition et sa pensée vont revivre dans cette administration. Il en eût lui-même vivant choisi les membres. On se souvient que, dans ses derniers entretiens si pieusement recueillis par la comtesse Alfieri, il avait désigné le président du conseil, M. Farini, comme le dépositaire de son héritage politique. Il avait pris pour ses collaborateurs MM. Peruzzi et Minghetti. Le général della Rovere est un des officiers les plus capables de l’armée italienne. Nous avons eu plus d’une fois l’occasion de parler du nouveau ministre du commerce, M. Manna, également distingué comme économiste, comme administrateur et comme écrivain. Nous regrettons l’ancien ministre de l’instruction publique, M. Matteucci, dont l’intelligente activité a réalisé en peu de mois de si utiles réformes ; mais son successeur, M. Amari, porte un nom connu depuis longtemps de l’Europe érudite et littéraire. C’est un des premiers et des plus heureux caractères du ministère nouveau, que ses membres sont des esprits faits pour parler à l’esprit de l’Europe libérale, et rétablir entre le dehors et l’Italie ce grand courant intellectuel qu’avait su créer M. de Cavour. Au point de vue politique, les deux hommes dans ce cabinet qui excitent les plus grandes espérances sont MM. Peruzzi et Minghetti. M. Peruzzi a depuis plusieurs années donné des preuves d’une rare sagacité politique et d’une décision d’esprit plus rare encore. Il a pris le département de l’intérieur, qui, dans le sommeil forcé imposé à la politique étrangère, est le ministère le plus politique. M. Minghetti, intelligence élevée et ouverte, fécondée par de fortes études économiques, s’est chargé de la tâche la plus difficile, celle des finances. L’une des premières questions qu’il aura à résoudre est celle de l’emprunt. Nous croyons que, pour mener à bout cette opération, il sera bien servi par les circonstances, et que l’existence seule du cabinet actuel est faite pour relever les conditions du crédit italien. Si la France a retiré son aide à l’Italie dans la question de Rome, le public français n’en prêtera pas moins un concours très large aux opérations financières du gouvernement italien. Il y a en France pour les fonds italiens un penchant prononcé. C’est la continuation de notre alliance sous une nouvelle forme. Les moyens ne manqueront pas à M. Minghetti de placer un emprunt à des termes qui lui fassent honneur et qui profitent au crédit de son pays. Nous sommes sûrs qu’il étudiera ces moyens avec intelligence et qu’il les emploiera avec habileté.

L’échauffourée de Grèce est bien calmée. L’Angleterre, comme il fallait s’y attendre, après avoir recueilli le bénéfice moral des avances des Grecs, décline la couronne offerte au prince Alfred. Il semble maintenant que l’on compte sur l’accord des trois grandes puissances pour proposer aux Grecs