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l’industrie cotonnière, découvrir un moyen qui permît, sans manquer à ces sympathies, de tirer de l’Amérique le coton dont l’Europe est affamée.

Ce moyen, un homme que les obstacles ne découragent pas, car il en a surmonté beaucoup, M. Cobden, croit l’avoir trouvé. Il vient de révéler sa découverte dans plusieurs meetings tenus dans les districts manufacturiers de l’Angleterre. Le secret de M. Cobden, c’est de faire introduire dans le droit des gens un principe nouveau qui consisterait à excepter des droits de la guerre le blocus des ports de commerce. Nous espérons qu’un jour les nations civilisées adopteront ce beau principe ; nous craignons malheureusement que ce jour ne soit moins près de notre temps que de l’ère où sera inauguré cet autre idéal de M. Cobden, la paix perpétuelle. Il serait beau de voir surtout l’Angleterre se dépouiller elle-même d’une de ses plus terribles armes de guerre en renonçant à bloquer les ports de commerce. Il y aurait quelque chose de paradoxal dans la proposition de M. Cobden adressée à un public anglais, n’était cette circonstance exceptionnelle : l’intérêt actuel de l’Angleterre, qui trouverait grand profit à la pratique immédiate recommandée par M. Cobden ; mais, pour faire adopter un tel principe, l’empressement de l’Angleterre n’est pas tout. Que de notes à échanger ! que de besogne diplomatique ! Ne faudrait-il pas commencer par persuader les États-Unis et finir par la réunion d’un congrès ? La solution de M. Cobden n’est donc pas de mise pour la prochaine campagne de l’industrie cotonnière. Il y a, dans les discours qu’il vient de prononcer, une chose d’application et de portée plus prochaine et plus pratique que son amendement au droit des gens : ce sont ses déclarations d’hostilité contre lord Palmerston et la politique des armemens. M. Cobden persévère dans l’opposition qu’il avait manifestée à la fin de la dernière session, et se prépare à attaquer le ministère dans la session prochaine, au risque d’amener les tories au pouvoir. Nous applaudissons pour notre compte aux discours de l’illustre orateur contre l’abus des armemens, nous portons envie à la liberté avec laquelle il peut exprimer ses convictions, et nous sommes réduits à regretter qu’en France, où nous aurions tant à dire sur un pareil sujet, il ne nous soit pas possible de lui donner la réplique et de faire écho à ses paroles. E. FORCADE.




REVUE MUSICALE.

L’été maussade et troublé que nous avons eu cette année est fini. La saison des plaisirs de l’esprit commence, et Paris se prépare à fêter tous ceux qui viendront le visiter. Les théâtres s’illuminent et nous annoncent monts et merveilles, car nous vivons à une époque où il n’y a que des choses extraordinaires qui puissent piquer notre curiosité. Veut-on savoir, par exemple, ce que le grand théâtre de l’Opéra se dispose à nous offrir en fait de nouveautés curieuses ? On vient d’engager, dit-on, un ci-devant jeune ténor du Théâtre-Italien qui ne pouvait plus guère chanter que des lambeaux de mélodie des opéras de M. Verdi, et on se dispose à le faire apparaître