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au but, si même ils ne l’ont atteint. Ils s’occupent aussi d’un autre problème dont la solution aurait une immense portée : celui de puiser dans l’atmosphère, qui en est un réservoir indéfini, l’azote, un des élémens les plus actifs des engrais. On a cru plusieurs fois tenir la solution ; on l’avait en effet ; mais à l’état théorique ; les procédés ont été trop coûteux ou même trop incertains. Depuis la dernière exposition universelle, on a fait de nouveaux pas. C’est ce qu’a exposé avec détail M. Balard dans son rapport si complet.

Il est survenu dans les produits chimiques, à la suite des découvertes multipliées de la science, un abaissement énorme des prix. Ainsi l’acide sulfurique ne coûte guère que le dixième de ce qu’il se vendait à la fin du dernier siècle. Une multitude de sels et des substances telles que le phosphore, l’iode, et des médicamens d’un grand emploi, ont subi de même de très fortes baisses. La soude est un des articles qui ont le plus baissé ; il y a eu ici une révolution dans la fabrication[1]. J’ai cité plus haut la baisse du sulfure de carbone et de l’aluminium ; je terminerai par le sodium. Il y a dix ans, on employait peu ce métal, il se vendait 1,000 francs le kilogramme ; aujourd’hui il sert à fabriquer l’aluminium. Il a été beaucoup plus demandé ; on s’est appliqué à le faire à bas prix : il est tombé à 8 francs.

Dans les arts qui dérivent de la science physique, l’exposition constate des perfectionnemens remarquables. Parmi ces arts, la télégraphie électrique, fille de la pile de Volta, est une des merveilles de la civilisation moderne. On a pu voir à l’exposition quels progrès elle avait accomplis ; on le verrait tout aussi bien, sinon mieux, dans les ateliers de M. Froment, à Paris. Ce constructeur, si ingénieux, a chez lui un télégraphe qui imprime les dépêchés lettre par lettre avec plus de rapidité qu’un imprimeur ne les composerait. On expérimente maintenant sur quelques-unes des lignes françaises un procédé qui transmettrait rapidement tout, absolument tout ce qui aurait été tracé sur une feuille de papier, un dessin comme de l’écriture, un portrait comme un nom. C’est un papier convenablement préparé qu’on livre à la machine à Lyon, et la machine retrace à Paris tout ce qui est figuré sur le feuillet. On retire des courans électriques d’autres services. On en fait pour l’intérieur des maisons un système de sonnerie. Régler les horloges et les faire marcher d’accord en quelque nombre et à quelque distancé qu’elles soient, c’est un jeu pour le courant électrique. Pour donner à la division des instrumens de précision une exactitude bien supérieure à tout

  1. Elle se retire aujourd’hui du sel marin par un procédé assez compliqué, qui coûte moins cependant que l’ancien, tout simple qu’il paraissait : il consistait à brûler des plantes qui croissent spontanément au bord de la mer.