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à la culture comme à la récolte en adoptant les nouvelles machines à égrener si ingénieuses et si économiques, la valeur des produits atteindra de 8 à 11 fr. le kilogramme, et ces prix seront assez rémunérateurs pour compenser l’excédant des frais du travail libre. Il en sera probablement de même dans nos colonies et dans les colonies anglaises et hollandaises, en Égypte, sans parler du Brésil[1]. Par ces mesures, on parviendra sans doute à éviter les dangers d’une situation qui fait dépendre le travail et l’existence pour un grand nombre d’hommes de la production d’une seule contrée. Il y a douze ans, un désastre plus grand encore accablait l’Irlande, qui attendait sa principale alimentation d’une seule culture. À la même époque aussi, une nouvelle source de revenu s’offrait à ce pays. Dès lors en effet, les agriculteurs et les économistes anglais étaient préoccupés des moyens de soustraire leurs manufactures à la nécessité d’attendre de l’Amérique la plus grande partie de leurs approvisionnemens en matières textiles végétales ; une grande association pour l’amélioration et le développement de la culture du lin se formait en Irlande, et constatait une production croissante de fibres textiles plus résistantes que celles du coton[2]. Malheureusement la progression s’est ralentie, et n’a pu justifier encore les espérances que le premier élan avait fait naître, et qui semblaient promettre à la fois une plus abondante matière textile[3] et une plus large production d’une graine oléagineuse des plus utiles à l’alimentation comme à l’engraissement des animaux entretenus dans les fermes.

Tels sont quelques-uns des résultats les plus notables et les plus récens de l’intervention de la chimie dans l’agriculture. Il reste à montrer quel secours ont apporté à l’industrie agricole les derniers perfectionnemens de la mécanique.

  1. Les manufactures européennes ont reçu dans le cours de l’année 1860 :
    kil. de coton
    Des États-Unis d’Amérique 716,000,000
    Des Indes anglaises 92,000,000
    De l’Égypte 27,000,000
    Du Brésil 10,000,000
    Des Indes occidentales et des autres pays 5,000,000
    En totalité 850,000,000


    Sur cette quantité, la consommation de la France s’est élevée à 123,702,087 kilos. L’Algérie en a fourni seulement 59,654 kilos.

  2. La différence principale entre les deux matières textiles tient à ce que l’une d’elles, constituée par les poils plus ou moins longs développés à la périphérie de la graine des cotonniers, est formée de tubes à parois très minces, tandis que l’autre, représentant les. longues fibres corticales composées de cellules soudées les unes au bout des autres, est formée de tubes à parois épaisses.
  3. Ce ne sont pas seulement les filatures, les ateliers de tissage, d’impression et de teinture qui manquent actuellement de matières premières ; les papeteries, déjà au dépourvu avant la crise américaine, vont se trouver plus fortement atteintes.