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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/130

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II

Dans presque toutes les industries chimiques annexées aux exploitations rurales, la mécanique joue un rôle considérable ; parfois aussi elle vient puissamment et seule en aide à l’agriculture. Sur ce point, l’exposition universelle de 1862 et le concours de Battersea ont mis de nouveaux faits en lumière : on a pu constater des améliorations importantes dans la construction des ustensiles et machines agricoles ; on a vu s’introduire dons toutes les grandes fermes des locomobiles à vapeur qui mettent en mouvement les batteuses, les tarares-ventilateurs, les trieuses, les concasseurs de grains et tourteaux, etc. Dans toutes ce applications, à coup sûr on peut désirer et attendre des perfectionnemens ultérieurs ; mais les services qu’elles rendent ne laissent plus de prise au doute. Il en était autrement jusqu’à ce jour de l’utilité pratique des machines transmettant la force aux ustensiles aratoires. Les chevaux ou les bœufs attelés aux araires et aux charrues doivent-ils toujours figurer au frontispice des ouvrages d’agriculture qui mettent en honneur le labourage ? En un mot, le labourage à vapeur peut-il être avantageusement réalisé, soit par exception, soit dans tous les cas ? Les meilleurs esprits restaient partagés sur ce point avant les deux récentes solennités industrielles et agronomiques de Kensington et de Battersea ; depuis lors, cette grande question agricole semble, définitivement résolue, et voici dans quelles conditions elle se présenté aujourd’hui.

Jusqu’à ce jour, dans les circonstances locales les plus favorables le labourage mécanique s’exécutai assez facilement à l’aide d’une machine fixée sur un point du champ avec son générateur. Un câble en fil de fer entourait la pièce de terre ; le mouvement qui était transmis à ce câble par la machine se trouvait facilité par de grandes poulies adaptées à des bâtis en fer maintenus eux-mêmes et avancés, à chacun des parcours de la charrue à quatre socs, d’une distance égale à la largeur du quadruple sillon énergiquement tracé ; un homme assis sur la volumineuse charrue pouvait en guider la marche, faire varier à sa volonté la pénétration des socs dans le terrain et régler la profondeur du labour. Pour cultiver ainsi un homme de terrain ayant la configuration régulière d’un carré de 100 mètres de côté, il fallait employer 400 mètres de cible (outre les attaches et les portions enroulées) ; encore était-ce un minimum, car un hectare rectangulaire de 200 mètres sur 50 eût exigé un câble de 500 mitres de long : le poids, dès lors considérable, occasionnait beaucoup de frottement et une prompte usure. Dans ces