- PLUTUS
- CHREMYLE, paysans propriétaire
- MERCURE
- LA PAUVRET2
- BACTIS, CARION, esclaves de Chrémyle
- MYRTO, fille de Chrémyle
Un bosquet à l’entrée d’un petit bois sacré. — C’est un carrefour de verdure avec un Hermès ou un dieu Pan sur une fontaine, à volonté. — L’entrée du bois sacré est marquée par un petit portique de pierre ou de feuillage.
C’est vraiment une belle invention que la coutume de sacrifier aux dieux ! Dans leurs temples, tous les hommes sont égaux. L’esclave aussi bien que le maître a le droit de porter la couronne, et cette verdure le rend sacré tant qu’elle est sur son front. Chère petite couronne ! je te veux garder tout le jour et toute la nuit pour me préserver des coups de bâton. Puisse mon maître avoir encore demain la fantaisie de sacrifier dans sa maison ou de m’envoyer au temple ! cela est infiniment plus agréable que de briser les mottes de terre ou de lier les gerbes en plein soleil.
Comment, camarade Bactis, tu travailles au lieu de t’employer au sacrifice ?
Oui, Carion, je travaille, parce que je ne suis pas né esclave.
Je ne t’entends pas ! Que tu sois né esclave de père et de mère, ou que d’homme libre tu sois devenu captif, le travail est toujours aussi fâcheux à l’homme que la paille au poisson.
L’esclave issu de l’esclave n’a guère l’espérance de se racheter ; il est habitué aux coups, aux menaces, aux injures. Celui qui fut libre aspire toujours à revoir sa patrie, et sa fierté le soutient dans les épreuves.