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à la confiance dont l’honorait la princesse Augusta. Seul, M. d’Auerswald, à qui vint s’adjoindre plus tard le comté Schwerin, représentait au sein de ce conseil le libéralisme modéré, mais fermement constitutionnel. Le pays eut assez d’intelligence et d’habileté pour ne pas trop regarder au caractère peu tranché et nullement homogène de la nouvelle administration et vouloir la juger seulement d’après ses œuvres. Ce qui fut plus méritoire encore, c’est que, convoqué bientôt (12 novembre 1858) pour les élections d’une nouvelle législature, il se garda bien d’envoyer des représentans d’opinions radicales, et aucun des noms qu’il fit sortir de l’urne ne pouvait porter ombrage au régent. Nous aurons assez d’occasions, hélas ! de reprocher aux progressistes les fautes commises par eux plus tard pour ne pas rendre pleine justice à la conduite qu’ils tinrent en ce moment. Avec une rare abnégation, avec une entente de la situation bien plus rare encore chez certains partis, les progressistes comprirent alors qu’il fallait avant tout raffermir le nouveau système, et que ce serait l’ébranler que de le mettre trop à l’épreuve. Aussi, tout en prenant part pour la première fois depuis 1848 aux élections, les libéraux avancés et les démocrates ne posèrent-ils aucune de leurs candidatures : ils se bornèrent à prêter leur concours efficace aux modérés, aux « vieux constitutionnels » d’avant la révolution (alt constitutionelle), contre le parti féodal. Les hommes de la croix, de l’extrême droite, le comte Pfeil, M. Marquard, M. Wagner et M. de Manteuffel II, succombèrent tous dans les comices avec leur chef, M. de Gerlach, et l’immense majorité de la législature élue pour les années 1859-1861 ne fut composée que de libéraux ministériels. La session s’ouvrit le 12 janvier 1859 sous les auspices les plus favorables. Dès le mois de décembre, le gouvernement avait suspendu les mesures rigoureuses qui pesaient sur la presse depuis l’attentat Sefeloge et déclaré vouloir régler cette importante question par voie législative. Vers la fin de* février furent présentés les projets de lois impatiemment attendus, relatifs à la péréquation de l’impôt foncier dans toutes les provinces de la monarchie ; un autre projet de loi concernant le « droit matrimonial » fut accueilli avec une égale satisfaction, et put être sanctionné par le parlement. Le gouvernement allait ainsi au-devant des vœux de l’opinion publique, et certes il ne fallut pas moins que ce parfait accord entre le ministère et la seconde chambre pour que « l’ère nouvelle » devînt une vérité. Sans aller en effet « au-delà de ce qui a été promis, » il y avait un travail immense de renouvellement à entreprendre dans toutes les branches de l’état. Il ne s’agissait pas seulement de rétablir et d’exécuter les lois suspendues, éludées ou « nullifiées » sous la précédente administration ; il fallait encore