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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/258

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tème offre de grands avantages, et il est certain que l’immigration des coolies a préservé ou relevé de la ruine plusieurs colonies. Cependant M. Duval signale avec raison les inconvéniens économiques et sociaux qui sont attachés à la pratique trop généralisée de l’émigration salariée. Celle-ci a souvent pour résultat de fausser le taux naturel des salaires, d’attribuer à l’administration une intervention abusive dans les affaires coloniales, de créer à la population noire émancipée une concurrence ruineuse et d’établir des luttes d’intérêts, des antagonismes de races qui peuvent compromettre la paix publique. Ce sont là de graves objections contre les procédés que l’Angleterre et la France ont adoptés pour leurs colonies à culture, et qui provoquent une étude plus approfondie des moyens à l’aide desquels les métropoles doivent substituer, dans leurs possessions, le travail libre au travail des anciens esclaves.

La question de l’émigration se rattache par les liens les plus étroits à l’ensemble de la question coloniale ; mais elle présente tant d’intérêt par elle-même, elle est si vaste, qu’elle peut être examinée à part et fournir la matière d’une abondante monographie. M. Jules Duval a donc rendu service à la science en abordant ce sujet, et en y consacrant les laborieuses recherches qu’atteste la multiplicité des documens et des chiffres cités dans son livre. Il a placé sous nos yeux l’histoire de ce grand mouvement d’hommes et d’intérêts qui s’étend aujourd’hui au globe entier, et qui répartit entre toutes les régions de la terre les forces de l’intelligence et du travail. Un jour viendra où le niveau de la civilisation et de la richesse sera établi entre l’ancien monde et le nouveau, où les idées comme les intérêts des différentes races se verront confondus et solidaires, où le progrès moral, de même que le bien-être matériel, se répandra par une pente naturelle et régulière dans les contrées les plus lointaines. Ce sera l’œuvre de l’émigration.


C. LAVOLLEE.


Études sur le passé et l’avenir de l’Artillerie, par M. le colonel Favé[1].


S’il est un progrès incontestable, c’est celui que les peuples ont fait dans l’art de se combattre et de se détruire. Depuis le commencement de ce siècle, les armes à feu ont acquis une précision et une puissance qui dépassent tout ce que l’on osait imaginer. Les vieux fusils se sont transformés : le soldat européen est aujourd’hui pourvu d’une arme qui, au siècle dernier, eût été distinguée dans une panoplie de luxe. Et l’artillerie ? Il suffit de nous reporter aux bulletins de la dernière campagne d’Italie. L’artillerie a gagné les batailles ; elle a démontré la victorieuse prépondérance du canon rayé. Il est possible, comme on l’assure, que cette perfection à laquelle

  1. Un vol. in-4o, librairie militaire de Dumaine, 1862.