Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/850

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de préférence aux monumens de l’art chrétien. Elle contient bien encore des antiquités d’un autre genre, des marbres, des mosaïques qui viennent de la Rome impériale, et qui sont dignes de curiosité ; mais tout ce paganisme semble un hors-d’œuvre auprès de ce qui nous attire à Latran, je veux dire le musée chrétien, création toute nouvelle, et dont avant Pie IX aucun pape ne s’était avisé.

Il était difficile d’en concevoir l’idée, et surtout de l’exécuter, tant qu’on n’avait point exploré les catacombes, le flambeau de la science à la main. Il y a longtemps cependant que des pèlerins avaient commencé à venir de toutes parts se prosterner à l’entrée du caveau qui s’ouvrait dans la basilique de Saint-Sébastien, et qui le premier a reçu le nom de catacombes de la région où il était placé, celle du cirque de Maxence et du mausolée de Cecilia Metella[1]. La dévotion n’a sans doute jamais cessé d’attirer les fidèles dans ce caveau, qui passait pour avoir recelé les corps de saint Pierre et de saint Paul ; mais pendant bien des années les sépultures des premiers siècles de l’église n’ont pas reçu d’autre hommage, si bien que la topographie de la nécropole souterraine devint à la longue un secret oublié. Elle est même encore loin d’avoir été retrouvée tout entière. Depuis le VIIe siècle, ou tout au moins le commencement du XIIe, les Romains ont cessé de s’en occuper. On a dit que lorsque Boniface IV eut dédié le Panthéon à tous les martyrs, il s’était cru quitte envers eux, pour avoir fait porter dans le temple ainsi purifié quelques quintaux d’ossemens enlevés des catacombes. Pascal II, qui voulait que toute église eût ses reliques, fit de nouvelles fouilles, en distribua les produits, puis déclara tout consommé. L’entrée d’une partie des catacombes fut murée. Toutes eurent le sort des cimetières abandonnés. Au XVIIe siècle seulement, la curiosité conduisit un voyageur maltais à faire quelques recherches, et ce sont les premières qui aient été écrites (1632). Son ouvrage a porté le premier le titre de Rome souterraine[2]. Les catacombes n’en restèrent pas moins mal connues et assez négligées. En archéologie comme en tout, on répète longtemps les mêmes choses sans les avoir vérifiées, et de nos jours seulement un examen plus attentif a fait succéder une connaissance intelligente de l’emploi et de l’origine des catacombes

  1. Circum in catacumbas. — Cœmeteria Callixti juxta catacumbas. Ce dernier mot, qu’on trouve pour la première fois dans une lettre de Grégoire Ier, ne désigne jusqu’au XIIIe siècle que cette petite portion du cimetière Saint-Sébastien, qui n’a du saint martyrisé à Rome en 288 conservé que le nom.
  2. La Roma sottaranea, par Bosio. Ce sont les Pitture sagre de Bottari, les livres imprimés de notre temps par le père Marchi, MM. Raoul-Rochette, Louis Perret, Northcote, et les mémoires publiés par M. De Rossi, qui nous ont guidé dans le présent travail.