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LE BRESIL
ET LA SOCIETE BRESILIENNE
MOEURS ET PAYSAGES

III.
LA CIDADE.

La cidade ne nous montre pas aussi nettement que la fazenda et le rancho la société brésilienne dans son passé, dans cette sorte de lutte entre la civilisation et la sauvagerie dont l’intérieur de l’empire est resté le principal théâtre. Ici les contrastes se multiplient ; mais c’est l’activité européenne qu’on entrevoit presque toujours, tantôt subissant, tantôt dominant les influences locales. Le monde où nous avons à conduire le lecteur ne lui est pas entièrement inconnu. Dans la cidade du Brésil, des besoins nouveaux ont fait surgir des mœurs qui ne nous éloignent pas trop de l’ancien continent. On retrouve ici les passions politiques, qui se traduisent parfois en pronunciamientos. Aux distractions rustiques de la ferme succèdent les affaires, les fêtes patriotiques, les processions des irmandades (confréries), aux miasmes empestés des défrichemens les terribles visites de la fièvre jaune. C’est surtout dans les trois vastes métropoles de l’Atlantique, Pernambuco, Bahia et Rio-Janeiro, qui forment comme les trois grandes étapes de l’Océan, que l’on peut étudier les secrets de cette civilisation portugaise implantée violemment sur une terre vierge, et qui va se modifiant de plus en plus sous l’irrésistible courant du progrès.