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fallait d’ailleurs, pour être admis à subir les examens, justifier de cinq années d’université, ou produire des certificats équivalens dès professeurs libres. Les appointemens des professeurs de l’université étaient très variables : ceux qui avaient quelque réputation touchaient 120 écus, il y en eut à qui l’on donna 500 écus; mais ce chiffre était réservé aux grandes célébrités. Le recteur avait 15 florins et le logement. Il arriva souvent que le gouvernement et les recteurs se plaignirent de la négligence que les professeurs mettaient à faire leur cours; les leçons, qui étaient fixées d’abord à cent cinquante par an, se réduisirent à cent dix, et plus tard à soixante; c’est alors qu’on fit une loi pour retenir un cent-cinquantième du traitement des professeurs pour chaque leçon qu’ils négligeaient de donner. L’université de Pise n’en fut pas moins une des plus glorieuses et des plus utiles à l’Italie. Vouée surtout aux sciences naturelles, elle eut un jardin botanique, un musée d’histoire naturelle et de physique, une école d’anatomie, un laboratoire de chimie, bien avant toutes les autres universités italiennes. On voit encore à Pise, dans l’aula magna[1], parmi les portraits des professeurs, ceux des savans illustres tels que Faloppio, Cisalpino, Mercuriale, Castelli, Borelli.

Si maintenant nous cherchons à résumer les traits qui caractérisent les universités italiennes du moyen âge et par lesquels elles se distinguent des institutions analogues qui existaient dans les autres pays de l’Europe, nous verrons que, tandis qu’en France, dans l’université de Paris, la théologie et la philosophie occupent le premier rang, tandis qu’en Angleterre, à Oxford et à Cambridge, ce sont les arts du trivium et du quatrivium, l’Italie, héritière immédiate des civilisations romaine et grecque, appelée par le voisinage de l’Orient à en recueillir les lumières, dirigea d’abord ses études universitaires vers la jurisprudence, puis vers la médecine, les mathématiques et les sciences naturelles. Que nous reste-t-il de toute cette vie de nos anciennes universités? Il nous reste d’abord les titres de gloire qu’on ne peut pas effacer de nos annales; il nous reste ensuite de précieux exemples, les uns bons, les autres mauvais, de telle sorte que nous pouvons profiter des uns et fuir les autres. Nous pouvons étudier, pour les éviter, les causes qui ont relâché la discipline, dans les écoles, qui ont détourné les étudians du travail et les professeurs de leurs leçons. Nous pouvons aussi arrêter notre attention, pour en tirer d’utiles enseignemens, sur les collèges où les étudians vivaient et travaillaient en commun, sur les collèges d’examinateurs, sur les cours faits par de jeunes privat-docent, sur cette émulation qui poussait les universités à se disputer les

  1. Salle d’honneur, où l’on a inauguré, lors du premier congrès scientifique italien, en 1838, une belle statue de Galilée.