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7 millions à peine en 1831 s’est élevé jusqu’à près de 11 millions en 1847, montre l’étendue des sacrifices de la ville de Paris[1]. On a certainement beaucoup fait depuis quinze ans pour la sécurité des habitans et ce qu’on peut appeler les soins hygiéniques de la ville ; mais on n’a pas obtenu des résultats comparativement aussi grands que ceux de l’époque dont il s’agit par rapport aux époques antérieures. Pour n’en citer qu’un exemple, prenons l’éclairage. Le budget de 1846 contient encore, il est vrai, l’allocation nécessaire à la fourniture de 5,177 becs d’huile ; mais déjà la substitution du gaz, opérée presque partout, donnait à la capitale cet aspect nocturne qu’on qualifiait de féerique. La barrière de l’Etoile, la place de la Concorde, les quais, les boulevards, se dessinaient déjà la nuit par ces brillantes guirlandes que de nos jours on a multipliées partout. Le Paris de 1847 pouvait donner l’idée de celui de 1863, il laissait bien loin derrière lui le Paris de 1830.

Enfin on ne saurait omettre dans cette récapitulation ce qui complète l’œuvre de toute édilité jalouse de bien faire, à savoir l’érection des grands ouvrages d’art et l’achèvement des monumens historiques légués par les générations passées à l’admiration et au patriotisme par la municipalité de Paris aux édifices du culte, il ne faut pas oublier ce qu’elle fit pour l’arrangement définitif des Champs-Elysées, de la place de la Concorde, et surtout pour l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville. Cette dernière entreprise, votée en mars 1836 avec une prévision de 6 à 7 millions de dépenses, atteignit un chiffre presque quadruple, et ne nécessitait plus aucune allocation dans la dernière année d’un règne dont elle fixera surtout le souvenir sur le sol de Paris.

En retraçant les transformations dont Paris est redevable à l’administration

  1. Lorsque le premier consul organisa la préfecture de police et lui donna les attributions qui incombaient autrefois au prévôt des marchands, au lieutenant-général de police ou enfin au bureau central du directoire, il ne voulut pas la soustraire au contrôle de l’autorité municipale ; le préfet de police dut, comme le préfet de la Seine, requérir l’assistance du conseil municipal. Chacun des deux magistrats dut se mouvoir dans une sphère d’attributions distincte, mais sans qu’il fût possible toutefois, dans bien des cas, d’éviter des embarras et des conflits. La préfecture de police a son budget spécial, ses dépenses et même ses recettes particulières, qui font sous-budget, soumis comme celui des hospices au conseil municipal, et qui figure ensuite en un seul chiffre au budget général de Paris. Inutile d’ajouter que, pour la préfecture de police comme pour les hospices, la ville pourvoit à l’insuffisance des recettes. Sous le gouvernement de juillet, les recettes de la préfecture de police se composaient d’un subside de 2 millions donné par l’état pour l’entretien et la solde de la garde municipale, de 2 millions produits par les droits perçus sur les ventes aux halles d’approvisionnement sur la volaille, la marée, les huîtres, et qui ont ensuite été convertis en droits d’octroi, enfin de revenus d’origines fort diverses, parmi lesquels il faut noter le produit des vidanges, celui de l’enlèvement des boues, etc.