Ah! ah! cette petite toujours coquettement mise, avec des bas bien tirés?
Oui, monsieur, une enfant qui joue à la poupée. Ah! quel enfer qu’une femme jalouse!
Parbleu! Dubois, il faut avouer que le mariage a opéré en toi une singulière métamorphose ! Garçon, tu tranchais du mentor; tu mettais souvent mon indulgence à l’épreuve par tes grotesques remontrances, et maintenant, époux de la chaste Dorothée, tu oses te plaindre! Sais-tu que tu deviens immoral, dangereux?
Dame ! aussi, monsieur, vous allez d’un extrême à l’autre. Autrefois vous cassiez les vitres; depuis votre mariage, il faudrait être un saint pour vous imiter. Moi, je reste dans un juste milieu,
N’oubliez pas, monsieur du juste milieu, que je ne souffrirai chez moi ni bruit ni scandale. [Dubois s’incline et sort.)
Bonjour, mon ami. Y a-t-il longtemps que vous êtes seul?
Dubois me quitte à l’instant; mais vous, chère, avez-vous bien reposé cette nuit? Notre enfant est-il blanc et rose, et dans ses bégaiemens annonce-t-il toujours beaucoup d’esprit?
Vous riez! Mais je vous pardonne, car vous l’aimez déjà presque autant que moi, tandis que d’autres hommes attendent souvent des années avant de s’attacher à leurs enfans.
Il est si rare qu’on échange deux cœurs en se mariant ! Dans les unions de convenance, arrêtées entre parens ou arrangées par des notaires, le père ne vient à aimer son enfant que peu à peu, par habitude et par amour de la propriété : il n’apprécie d’abord en lui que l’héritier de son nom et de sa fortune, le survivant de son égoïsme et de sa vanité; mais quand, attirés par une mutuelle sympathie, après des mois d’épreuve et de pénible attente, deux êtres se sont livrés à jamais l’un à l’autre, l’enfant conçu d’un tel amour est chéri avant de naître. Oh! chère Isabelle, comment pour-rais-je ne pas aimer notre George? C’est toi surtout que j’adore en lui.
Pourtant, cher Henri, je vous assure que c’est à vous qu’il ressemble.
Pendant les premiers mois, le visage d’un enfant, avec ses traits indécis,