si, pendant la visite de Pompéa, Isabelle découvrait notre passé ? Quelle ne serait pas son indignation en voyant une ancienne maîtresse présentée par vous, accueillie par moi, introduite dans sa maison ! Ne devrait-elle pas supposer que nous nous entendons pour la trahir ?
Sur ce point, nous sommes forts de notre conscience, D’ailleurs Pompéa est incapable de manquer à sa promesse.
D’accord, mais il suffit qu’un malheur soit possible. Tandis qu’en me rendant demain secrètement chez elle, après une explication tête à tête, nous nous serions quittés comme deux bons amis.
Tu le crois ! Est-ce sérieusement que tu viendras me dire qu’une fois attiré dans ce logement plein d’ardens souvenirs, seul avec cette enchanteresse, dans l’abandon d’un premier tête-à-tête, mais fort de ton amour pour Isabelle, tu serais sûr de rester dans les bornes d’une honnête amitié ? L’amour, c’est ta vertu ; mais ta vertu est bien jeune encore pour marcher toute seule ! J’ai préféré qu’elle s’appuyât d’une main sur George, de l’autre sur Isabelle. Obéissant à un premier mouvement, Pompéa est venue te trouver au centre de tes affections. J’ai cru plus sage d’en profiter. Une visite à la tour de Maran explique sa présence ; elle est d’ailleurs escortée de la vieille Barini… Enfin la présentation à ta femme a eu lieu, et celle-ci, passionnée pour la musique, lui a fait le plus charmant accueil. Au surplus, elles arrivent ; songe à te bien tenir.
Je suis heureux de vous revoir, mademoiselle.
Charmée,… en effet.
Eh ! caro Bricone ! Zé croyais que mé povérés yeux ne te (se reprenant) ne vous verraient plous. (Se tournant vers Isabelle.) Il faut m’escouzer, madame la comtesse ; ma, zé l’ai connou qu’il avait moins dé barbé qué moi.
Vous le voyez, Henri, tout le monde vous aime. Qu’on est heureux de vous avoir connu depuis votre enfance !
Mon bel oncle, avez-vous expliqué au comte par quel hasard, étant venue passer deux jours à Fontainebleau, et parcourant la forêt, notre postillon nous a proposé de visiter la tour de Maran ?
Sans doute, et Herman m’en a témoigné toute sa joie.