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ISABELLE, à Herman.

Mon ami, il faut que vous m’aidiez à retenir ces dames, au moins jusqu’à demain.

HERMAN, gaîment,

Oh ! je ne les laisse pas partir ! (A Pompéa.) Mademoiselle… (A Barini.) et vous, ma vieille amie, puisque je vous retrouve après ma longue absence, vous ne me ferez pas l’injure de nous quitter.

POMPÉA

Je voudrais accepter ; mais nous nous attendions si peu ;… nous n’avons rien emporté.

ISABELLE

Oh ! qu’à cela ne tienne, nous sommes en famille.

BARINI

Eh ! donc déjà que madame la countesse fa la favour d’insister, nous acceptons malgré la toilette négligée.

NOIRMONT, riant.

Comment donc ! mon aimable contemporaine, avec des boucles d’oreilles comme les vôtres on est toujours en grande tenue.

BARINI, à Isabelle.

Il mé taquiné parce qué cé sont des boucles d’oreilles que zé né veux zamais m’en séparer… Eh ! vous comprenez : lé plous grand souvenir de moun ezistence mousicale ! À oune réprésentation dé l’Alzira de Zingarelli, à la Scala, le premier consoul assistait, et comme zé venais de chanter mon air : Nel silenzio, il a donné loui-même le signal des applaudissemens, et le soir il m’a fait remettre cette paire de brillans par soun boun ami Douroc.

ISABELLE, à Barini.

Ah ! vous chantez aussi, madame ?

NOIRMONT

La signora Barini était un magnifique contralto ; elle ne chante plus, mais elle donne encore d’excellens conseils dont Pompéa a souvent profité.

HERMAN

Maintenant que votre séjour est chose convenue, rentrons au château, car nous ne pouvons rester, même en petit comité, dans ces habits de chasse.