Eh bien! cousin, voulez-vous me faire grand plaisir? Épousez Mlle Pompéa. À cette condition, je serai sa demoiselle de noces.
Calmez-vous! Vous êtes une enfant, je m’engage à ne plus lui parler.
Mon Dieu! quand on veut être poli, qu’il est difficile de se faire comprendre! Vous ne voyez donc pas à quel point je suis lasse de cette chaîne sans amour, et les bâillemens sans fin que me donne le simple prologue de notre mariage?
La colère vous égare, cousine.
En colère? moi! parce que je vous déclare, pendant qu’il en est temps encore, que je ne vous aime pas, que je ne vous ai jamais aimé.
C’est assez, je n’en veux pas entendre davantage.
Ainsi vous me rendez ma parole comme je vous rends la vôtre?
Comme il vous plaira.
Enfin! (Apercevant Pompéa, qui vient d’entrer.) Ah ! encore ici !
Ma présence vous étonne, mademoiselle?
Mais non ; vous voulez assister au dénoûment du drame où vous jouez un si beau rôle. C’est affaire de métier.
Dans ma carrière, mademoiselle, qui est, si je comprends bien, ce que vous entendez par métier, votre langage et surtout le ton qui l’accompagne conviennent à merveille aux scènes de rivalité.
Prenez garde! vous oubliez...
Au contraire je me souviens, et si dès hier je trouvais votre conduite en ma présence singulièrement imprudente, que dirai-je de votre attaque à cette heure ! Comment avez-vous espéré me cacher le sentiment qui vous agite? vos coquetteries incessantes à l’égard de Pompée, à moi, qui me retrouvais enfin près de celui qui fut mon maître, mon ami?...
Votre ami?