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expliquée, ses principes de construction si logiques, M. Vaudoyer trouve en même temps une grandeur et des effets qu’il ne doit qu’à lui-même. Le Conservatoire des arts et métiers, qui lui a été confié, est un mélange de restaurations habiles, intelligentes, de reconstructions originales, où se combinent les souvenirs de la Grèce et de la renaissance. Baltard (1833) est l’historien de la Villa Médicis, l’architecte-directeur de la ville de Paris, position élevée dont il profite pour donner une impulsion féconde à tous les travaux d’art, le constructeur des halles centrales, sur lesquelles il vient de publier un savant ouvrage et où plus que personne il a appliqué aux besoins de notre époque, d’une manière rationnelle et élégante, la construction en fer. Est-il besoin de dire que Lefuel (prix de 1839) est l’architecte du Louvre ? Que de difficultés présentait une si grande entreprise ! quelles limites étroites de temps ! quelle administration immense et multipliée, et surtout combien étaient fâcheuses pour l’artiste les exigences sans cesse renouvelées d’un programme qui lui était imposé et qui était mal défini ! M. Lefuel a surmonté ces obstacles, et terminé une œuvre qui a de la beauté, de l’ampleur, des masses imposantes : on doit citer surtout comme un chef-d’œuvre le vestibule qui conduit de la place du Palais-Royal aux jardins du Carrousel. Ballu (1840) a achevé Sainte-Clotilde, restauré la tour de Saint-Jacques et montré que de fortes études classiques rendaient plus capable de créer et de construire dans l’esprit du moyen âge que ceux même qui s’y enferment par des études exclusives. Paccard (prix de 1841) est l’architecte, de Fontainebleau et a construit la chapelle des Bonaparte à Ajaccio : son admirable restauration du Parthénon d’Athènes suffit déjà pour lui faire un nom. Tétaz (1843), qui a achevé la restauration du château de Pau et construit les écuries impériales, Desbuissons (1844), qui a bâti le Palais-des-Arts à Saint-Étienne, ont complété tous les deux la noble entreprise de M. Paccard par leurs dessins restitués de l’Erechthéion d’Athènes et des Propylées. Grâce à ces trois artistes, l’Acropole d’Athènes est devenue une conquête de l’art français.

Normand (1846) a fait la maison romaine du prince Napoléon, résumé des souvenirs antiques et de tout le charme de Pompéi, qui dénote à chaque pas le mérite et les études consciencieuses de l’auteur. Garnier enfin (prix de 1848), l’auteur de la restauration du temple d’Égine, le dernier par l’âge, mais non par le talent, attendait avec impatience d’être employé en chef par l’état, attente à laquelle les architectes qui reviennent de Rome sont trop longtemps condamnés, lorsque le concours ouvert pour la construction de l’Opéra lui fournit l’occasion de se produire de la manière la plus subite et la plus glorieuse. Cent soixante-treize architectes prirent