de ses mouvemens ceux qui la veille, et peut-être par un temps plus fort, mais moins sympathique en quelque sorte à son régime particulier, admiraient la faiblesse de ses roulis.
Si ces idées sont justes, — et, je le répète, on a observé pendant la campagne un très grand nombre de faits qui les confirment et pas un seul qui les contredise, — si ces idées sont justes, on comprend la portée qu’elles ont sur la question des roulis des bâtimens cuirassés. Elles mettent la cuirasse elle-même hors de cause et elles réduisent la discussion à ne porter plus que sur les formes et sur la position du centre de gravité général du navire, coque et chargement compris. Eh bien ! la question étant posée en ces termes, serait-il vrai que les nouveaux navires, le Magenta et le Solferino surtout, que l’on doit regarder comme des modèles développés et perfectionnés du premier type, la Gloire, aient donné comparativement aux navires avec lesquels on les étudiait des différences d’amplitude ou de fréquence de roulis qui constitueraient sous ce rapport une véritable cause d’infériorité ? Non, cela ne peut pas se soutenir.
Après le Talisman, c’est la Normandie qui, de tous les bâtimens de la division, a donné les roulis les plus considérables. L’exemple de cette frégate va nous fournir un enseignement utile. Lorsqu’il fut question d’armer la Normandie un an après la Gloire, le bruit était généralement répandu, on ne sait ni comment ni pourquoi, que cette dernière avait des mouvemens de roulis très forts, et par suite on entreprit de remédier à ce défaut prétendu ; mais sur le remède à employer les opinions se partagèrent. Les uns, et c’était le petit nombre, prétendaient que, s’il était vrai que la frégate roulait beaucoup, ce devait être parce qu’elle avait trop de stabilité, c’est-à-dire que les poids accumulés dans les fonds du navire étaient en excès trop sensible par rapport à ceux qui figuraient dans les hauts : il fallait rétablir un meilleur équilibre en augmentant les poids qu’elle portait dans ses parties hautes. Les autres soutenaient au contraire que la frégate roulait parce qu’elle manquait de stabilité ; les mouvemens qu’elle accusait étaient invoqués comme preuve de ce défaut, et pour y remédier ils proposaient de faire exactement le contraire de ce que conseillaient les autres, c’est-à-dire d’alléger la frégate par les hauts, ce qui avait pour résultat de faire descendre encore son centre de gravité, et par suite de la rendre plus stable. Ce dernier avis triompha, la mâture fut diminuée de poids, le blockhaus qu’elle portait sur le pont fut réduit de 50 tonnes à 15 ; mais voici ce qui arriva : là frégate, loin d’avoir rien gagné, se montra, pendant sa campagne au Mexique et pendant la première partie de la croisière d’essais, plus sensible que la Gloire ne l’avait jamais été au mouvement de la mer ; elle ne devint plus calme que lorsqu’on employa le procédé inverse. Sur rade de Funchal, on fit remonter