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Outre la différence dans l’ordre de classement, ce qu’il faut encore remarquer sur ce tableau, c’est le chiffre de la différence d’amplitude du roulis entre le Solferino, qui roule le moins, et la Normandie, qui roule le plus. Cette différence est de 8°,75, soit seulement de 4°,37 sur chaque bord, et c’était avant la modification qui fut faite à Funchal dans la répartition des poids à bord de la Normandie. Comparativement avec l’Invincible, le chiffre de la différence totale n’est plus que de 6°, 37, soit 3°,18 sur chaque bord.

On continua le même jour les observations qui avaient déjà été faites à diverses reprises sur le nombre des roulis propres à chaque navire. Elles donnèrent pour


Solferino 9 roulis 3/4 par minute.
Magenta 10
Napoléon 10 roulis 1/2 «
Tourville 10 roulis 3/4 ’
Couronne 12 «
Invincible 12 «
Normandie 12 roulis 1/2 «
Talisman 15 roulis «

C’étaient à très peu de chose près les mêmes chiffres que ceux qui avaient été observés dans des circonstances de temps et de mer très différentes, notamment dans la journée du 28 septembre. Aussi, dans les diverses pièces qui m’ont été communiquées, je vois que l’on appelle l’attention sur ce retour à peu près constant des mêmes chiffres. L’une d’elles, écrite par un officier supérieur de la plus haute distinction, contient cette phrase que je cite textuellement : « Ces nombres ne varient pas pour chaque navire, du moins sensiblement, quelles que soient les amplitudes des roulis, les plus petites ou les plus grandes ; je l’ai observé plusieurs fois. »

Mais il y eut une journée, exceptionnelle peut-être, qui bouleversa complètement l’ordre de classement fixé par la moyenne générale. Le mercredi 18 novembre (après la relâche de Funchal), l’escadre faisant route au nord-est avec deux chaudières allumées jusqu’à trois heures de l’après-midi, et ensuite trois jusqu’au soir, recevait par les trois quarts de l’arrière une légère brise du sud au sud-est. Avec l’aide de ses voiles, elle obtenait dans la matinée une vitesse de sept ou huit nœuds, et le soir de huit ou neuf. Le temps était très beau, la mer belle aussi ; elle n’était agitée que par une houle longue et lente qui prenait l’escadre par le travers. Dans cette situation, dont il est utile, je crois, d’indiquer tous les détails parce qu’il s’agit d’un des problèmes les plus curieux et encore les moins connus du génie maritime, voici quels furent les roulis signalés d’heure en heure :