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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1864.

Nous le disions il y a quinze jours, le malheur du grand acte politique qui vient marquer une phase nouvelle dans le développement des destinées italiennes a été de se produire comme par surprise devant une opinion publique qui, en Italie pas plus qu’en France, n’avait été suffisamment préparée à la perspective qu’on ouvrait devant elle. Ce premier effet d’étonnement et d’anxiété se prolonge sans doute ; il ne disparaîtra tout à fait qu’après la réunion du parlement italien et les discussions approfondies qui s’y engageront sur la convention du 15 septembre et la translation de la capitale de Turin à Florence. Nous devons reconnaître toutefois que chez les esprits réfléchis il s’est déjà notablement atténué depuis la publication du texte de la convention, de la remarquable dépêche adressée par M. Drouyn de Lhuys à notre ministre à Rome, et du rapport par lequel le dernier ministère italien avait appuyé auprès du roi Victor-Emmanuel la mesure de la convocation du parlement. La lecture attentive de ces documens ne laisse plus subsister aucun doute sur la portée de l’acte du 15 septembre soit pour l’Italie, soit pour la cour de Rome, soit pour la France. Nous espérons que les prochaines discussions du parlement italien achèveront d’en mettre la signification en lumière.

C’est, avant tout, au point de vue de l’Italie qu’il faut étudier le caractère du nouvel ordre de choses qui va être inauguré dans la péninsule. Le moment est en effet grave, solennel, décisif, pour l’Italie et ses représentans. Les députés italiens sont appelés à sanctionner la convention par leur vote ; ce n’est pas seulement le sort de la convention, c’est le sort de leur patrie qui est entre leurs mains. Le monde entier aura les yeux fixés sur le parlement de Turin. La cour de Rome, les partisans fanatiques du pouvoir temporel, les cabinets catholiques qui ont à veiller aux suites de la convention, ne se prononcent point encore : ils sont dans l’attente ; ils régleront leurs mesures et leur conduite sur ce que dira et fera le parlement