Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

point en leur qualité de corps chimiquement simples que ces substances viennent agir ici : elles se sont préalablement combinées et groupées sous l’influence de la force vitale, pour constituer les particules les plus ténues de notre organisme. Ces particules, bien que complexes chimiquement, sont élémentaires au point de vue physiologique en ce sens qu’elles sont douées de propriétés vitales simples et définies qui ne persistent pas après la division ou l’altération de l’élément. Telle est en quelques mots l’idée qu’on doit se faire des parties microscopiques de notre corps, auxquelles il convient de donner le nom d’élémens anatomiques ou peut-être mieux celui d’organismes élémentaires. En effet, les élémens anatomiques sont de véritables organismes élémentaires, et ce sont ces organismes élémentaires qui, par leur réunion et leurs groupemens, sont ensuite appelés à constituer un organisme total d’autant plus complexe et d’autant plus élevé dans l’organisation que la variété physiologique de ses élémens se montre plus grande. Nous pouvons donc considérer que notre corps est composé par des millions de milliards de petits êtres ou individus vivans et d’espèce différente. Il en est qui sont libres comme les globules du sang ; mais la plupart sont unis et soudés. Les élémens de même espèce se réunissent pour constituer nos tissus, et nos tissus se mélangent pour former nos organes ; les élémens d’espèce différente se soudent entre eux afin de pouvoir réagir les uns sur les autres et concourir avec harmonie à un même but physiologique. Néanmoins, dans toutes ces réunions ou soudures, aucun élément ne se confond avec son voisin ; ils s’unissent et restent distincts comme des hommes qui se donneraient la main. Chaque espèce d’élémens représente ainsi une véritable espèce d’individus qui dépend d’un tout auquel il est associé, mais qui a toujours son indépendance et sa vie propre, qui a sa manière particulière de se nourrir et d’être excité, qui à ses poisons spéciaux et sa manière spéciale de mourir. Enfin, comme on peut le dire d’un seul mot, chaque élément a son autonomie, mais autonomie inconsciente et enchaînée par un déterminisme absolu aux conditions physico-chimiques du milieu organique intérieur.

À part les élémens organiques qu’on peut appeler passifs, parce que, par leur réunion, ils constituent la charpente osseuse du corps, ainsi que tous les tissus conjonctifs qui donnent la solidité, l’élasticité et la cohésion à nos organes, il existe deux autres classes d’éléments organiques qui nous manifestent une activité constante et nécessaire. Dans la première classe, nous placerons tous les élémens organiques qui, sous la forme de vésicules ou de cellules soit libres, soit fixées ou agglomérées, constituent les tissus glandulaires, muqueux et épithéliaux. Les propriétés de ces élémens groupés en