Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/180

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semble constituent essentiellement la viande ou la chair qui représente la plus grande partie du poids du corps de l’homme et des animaux.

Quelles que soient la complication et la variété de nos opérations intellectuelles, de nos sentimens et de nos mouvemens, ils ne sont jamais exprimés que par l’activité vitale de trois élémens organiques formant une chaîne à anneaux distincts, mais dont les propriétés sont cependant physiologiquement et hiérarchiquement subordonnées. Ces trois élémens sont l’élément nerveux sensitif, l’élément nerveux moteur, et l’élément musculaire. Le point de départ de l’action physiologique se trouve dans l’élément nerveux sensitif ou intellectuel ; sa vibration se transmet suivant son axe, et, arrivée à la cellule nerveuse, véritable relais, la vibration sensitive se transforme en vibration motrice. Cette dernière se propage à son tour dans l’élément nerveux moteur, et, arrivée à son extrémité périphérique, elle fait vibrer la fibre musculaire, qui, réagissant en vertu de sa propriété élémentaire, opère la contraction ou le mouvement. Ces trois élémens organiques jouent ainsi le rôle d’excitant les uns par rapport aux autres ; l’élément nerveux sensitif excite l’élément nerveux moteur, et l’élément nerveux moteur excite la fibre musculaire, d’où résulte finalement la contraction. Dans leur action d’ensemble, ces élémens ont des relations tellement connexes que, les uns sans les autres, ils n’auraient point de raison d’être. En effet, l’élément sensitif n’a pas de raison d’être sans l’élément moteur qui indique sa présence, et l’élément moteur n’aurait pas de raison d’être sans l’élément musculaire sur lequel son influence doit se manifester. Toutefois, malgré cette connexion intime et nécessaire, chacun de ces trois élémens n’en reste pas moins indépendant et distinct organiquement. L’élément sensitif vit et meurt à sa manière, il a ses poisons qui lui sont propres. L’élément moteur peut vivre et mourir séparément, il a également ses poisons spéciaux. Enfin l’élément musculaire a de même des conditions de vie et de mort qui n’appartiennent qu’à lui. Toutefois, si cette indépendance organique est réelle pour la vie nutritive des élémens, elle n’est plus qu’une illusion au point de vue des manifestations vitales qu’ils doivent accomplir dans l’organisme. Ces manifestations n’étant qu’une résultante d’activités diverses, elles exigent le concours de toutes. Si l’un des trois élémens, sensitif, moteur et musculaire, vient à être supprimé, les deux autres continuent de vivre sans doute, mais ils n’ont plus de sens, de même qu’une phrase perd sa signification dès qu’un de ses membres vient à lui manquer.

La loi fondamentale de la vie est l’échange de matières continuel entre le corps vivant et le milieu cosmique qui l’entoure. De là ré-