Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/181

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sulte un véritable circulus ou tourbillon rénovateur du corps dont la rapidité mesure l’intensité de la vie. Les conditions des phénomènes vitaux ne sont absolument constituées ni par l’organisme, ni par le milieu ; il faut le concours des deux. Malgré l’intégrité de l’organisme, la vie cessera, si le milieu est supprimé ou vicié ; malgré la présence d’un milieu favorable, la vie s’éteindra, si l’organisme est lésé ou détruit.

Notre corps entier ou notre organisme n’est, nous le répétons, qu’un agrégat d’élémens organiques, ou mieux d’organismes élémentaires innombrables, véritables infusoires qui vivent, meurent et se renouvellent chacun à sa manière. Cette comparaison exprime exactement ma pensée, car cette multitude inouïe d’organismes élémentaires associés qui composent notre organisme total existent, comme des infusoires, dans un milieu liquide qui doit être doué de chaleur et contenir de l’eau, de l’air et des matières nutritives. Les infusoires libres et disséminés à la surface de la terre trouvent ces conditions dans les eaux où ils vivent. Les infusoires organiques de notre corps, plus délicats, groupés en tissus et en organes, trouvent ces conditions, entourés de protecteurs spéciaux, dans notre fluide sanguin, qui est leur véritable liquide nourricier. C’est dans ce liquide, qui ne les imbibe pas, mais qui les baigne, que s’accomplissent tous les échanges matériels, solides, liquides ou gazeux, que leur vie exige ; ils y prennent leurs alimens et y rejettent leurs excrémens, absolument comme des animaux aquatiques. D’ailleurs la vie ne s’accomplit jamais que dans un milieu liquide. Ce n’est que par des artifices de construction que les organismes de l’homme, ainsi que ceux d’autres animaux, peuvent vivre dans l’air ; mais tous les élémens actifs de leurs fonctions vivent sans exception, à la façon des infusoires, dans un milieu liquide intérieur. C’est pourquoi j’ai donné le nom de milieu intérieur organique au sang et à tous les liquides blastématiques qui en dérivent.

Le système circulatoire n’est autre chose qu’un ensemble de canaux destinés à conduire l’eau, l’air et les alimens aux élémens organiques de notre corps, de même que des routes et des rues innombrables serviraient à mener les approvisionnemens aux habitans d’une ville immense. Les canaux veineux n’ont pas, à proprement parler, de rapports physiologiques actifs avec les élémens organiques ; ils ne leur portent rien, ils ne font qu’emmener le sang qui a servi à les nourrir ; mais le système veineux présente une autre origine périphérique de la plus haute importance, car c’est par cette origine que le courant veineux, dont la direction est centripète, vient se répandre sur les diverses surfaces de l’organisme et puiser de l’air dans les poumons, de l’eau et des alimens dans les