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plus grand succès pour les étangs de Soustons et de Sainte Julien. Le niveau du premier a été déprimé de 5 mètres, au grand avantage du village de Soustons, qui s’est enrichi d’une zone de laisses assez fertiles. L’étang de Saint-Julien a été également abaissé de plusieurs mètres par le redressement du courant de Contis ; mais ce n’est pas sans peine que les ingénieurs ont pu maîtriser ce cours d’eau et l’empêcher de se déverser dans la direction du sud, parallèlement à la côte : plusieurs fois déjà on a dû prolonger l’estacade qui le force à descendre en ligne droite vers la mer. Quant au grand courant de Mimizan, on a maintes fois essayé de lui creuser un lit normal à la côte et d’y maintenir ses eaux ; mais le fleuve ne s’est pas laissé vaincre, et, renversant les barrières de pieux et de fascines qu’on lui opposait, il n’a cessé de couler au sud-est et au sud. Des kilomètres entiers de clayonnages élevés pour en diriger le cours sont aujourd’hui ensevelis sous les dunes. Toutefois il n’est pas douteux que l’expérience acquise par les ingénieurs qui ont rectifié le courant de Contis n’apprenne un jour à triompher définitivement de la résistance du fleuve de Mimizan. Lorsque l’embouchure sera fixée et que l’on aura fait sauter les bancs d’alios qui obstruent le courant aux environs du village de Sainte-Eulalie, l’agriculture aura conquis des milliers d’hectares sur les étangs, aujourd’hui presque inutiles, d’Aureilhan, de Parentis et de Cazaux.

Le redressement et la canalisation des rivières de dégorgement, tels ont été à peu près les seuls travaux entrepris dans les landes pour dessécher les terres inondées ; jusqu’à nos jours, on n’a épuisé directement au moyen de pompes qu’une seule pièce considérable du Marensin. L’étang d’Orx, que l’on a fait ainsi disparaître du sol, n’était point une mer de Harlem, il est vrai ; mais l’œuvre de dessèchement n’en a pas moins été très pénible à cause de la nature mouvante des terrains dans lesquels il s’agissait de creuser les bassins et d’installer les machines d’épuisement. La surface inondée offrait en moyenne 1,200 hectares ; mais elle variait constamment, suivant l’abondance ou la rareté des pluies. Parfois, après les fortes sécheresses, la nappe centrale de l’étang, connue sous le nom de claron, était seule assez profonde pour porter bateau ; parfois aussi les eaux d’inondation refluaient dans les vallons des ruisseaux tributaires et les transformaient temporairement, ainsi que les cultures voisines, en d’infranchissables marais. Alors la plus grande profondeur de l’étang d’Orx atteignait de 6 à 7 mètres, et plus de 30 millions de mètres cubes d’eau remplissaient le réservoir lacustre. Par ces alternatives d’inondation et de dessèchement partiels, la vallée tout entière et les vallons des trois affluens étaient devenus de vastes foyers d’infection. En hiver, les champs étaient mondés ; en été, les terres couvertes de limon fermentaient au soleil