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en empestant l’atmosphère. D’ailleurs, quel que fût le niveau de l’eau, les habitans des diverses localités de la rive orientale n’en restaient pas moins prisonniers, pour ainsi dire ; ils ne pouvaient communiquer avec Bayonne et la grande route des landes qu’en faisant un long circuit autour des terres noyées.

Henri IV donna l’étang d’Orx au célèbre Barclay ; mais ce grand dessécheur de marais ne chercha point à tirer parti de son domaine, Les premiers travaux de dessèchement ayant été commencés en 1701 sous la direction de l’ingénieur Delavoye, l’étang fut changé en marais ; mais peu à peu les canaux de décharge s’obstruèrent, et les corvées annuelles des paysans ne suffirent pas à déblayer complètement les vases. Enfin, en 1843, un ingénieur courageux, M. Francfort, obtint la concession de ce redoutable étang, dont tous les autres propriétaires craignaient le voisinage. Il se mit à l’œuvre, approfondit de 3 mètres le canal de décharge appelé Bondigau, et rectifia le cours de ce ruisseau d’écoulement, qui va se réunir à l’ancien lit de l’Adour en amont de Cap-Breton. Il put abaisser ainsi considérablement le niveau des eaux dans l’étang d’Orx, et conquit une grande étendue de terrain ; mais il eut, dit-on, le malheur de dessécher complètement et de transformer en sables infertiles 300 hectares de terres arables que les Capbretonnais possédaient sur les rives du Bondigau. Il dut abandonner son œuvre après avoir péniblement lutté contre les difficultés matérielles de l’entreprise et contre le mauvais vouloir de ceux qui l’entouraient. Ses successeurs continuèrent les travaux de dessèchement, mais ils se contentèrent d’approfondir le lit du Bondigau jusqu’au niveau du fond de l’étang, sans penser que le dessèchement graduel des terrains tourbeux ferait baisser peu à peu le sol comme une gigantesque éponge graduellement dégonflée. En effet, la tourbe du fond, s’affaissant lentement, se trouva bientôt, en certains endroits, au-dessous du canal d’écoulement et garda sa nature marécageuse.

Un grand dignitaire, qui disposait des capitaux nécessaires à l’achèvement de l’entreprise, étant devenu l’acquéreur des marais d’Orx, les travaux de dessèchement furent repris en 1860 sous, la direction de l’ingénieur Rérolle et poursuivis sans relâche pendant l’espace de quatre années ; ils ont été conduits à bonne fin dans les premiers mois de 1864. Un canal de ceinture, qui reçoit les trois ruisseaux de Burette, d’Orx et de Saint-André, entoure complètement le bassin de l’ancien étang ; d’autres canaux, tracés dans la direction de la pente générale, coupent le domaine dans tous les sens et viennent former à l’endroit le plus bas un grand bassin où s’amassent toutes les eaux de pluie et d’infiltration. Trois puissantes turbines, ayant chacune 40 chevaux de force et pouvant soulever à la fois 1 mètre cube d’eau par seconde, déversent la masse liquide