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sur les lieux les violences d’une fraction des radicaux, nous n’avons plus qu’à attendre le verdict des autorités suprêmes de la confédération. Nous ne doutons point que ce verdict ne soit conforme à l’équité et au droit, et ne maintienne la bonne renommée politique de la Suisse.

Les faits de guerre sont toujours si confus aux États-Unis, que nous éprouvons une sorte de répugnance à déchiffrer les télégrammes qui nous racontent au jour le jour les vicissitudes contradictoires de cette interminable lutte. Malgré les commentaires malveillans auxquels la situation et la politique du nord donnent lieu dans la majorité des journaux européens, il s’en faut encore pour le moment que les chances de l’Union américaine soient plus mauvaises que celles des confédérés. Quand on examine de sang-froid la situation des deux partis, on est plutôt convaincu du contraire. Sans doute la campagne de Grant, si terriblement commencée en Virginie, n’a point réussi ; mais l’armée de Grant garde toujours l’offensive et ne cesse point de menacer Richmond. Sherman, arrivé devant Atlanta après une marche hardie au cœur même des états confédérés, tient peut-être en ses mains l’événement décisif de la guerre. S’il s’empare d’Atlanta, il coupe ou domine tous les chemins de fer par lesquels le gouvernement de Richmond communique avec le sud. S’il est battu devant Atlanta, la campagne de cette année est entièrement perdue pour le nord, et il n’est pas impossible alors que le parti de la paix fasse passer son candidat dans l’élection présidentielle ; mais l’amiral Farragut, en forçant avec une heureuse énergie l’entrée de la rade de Mobile, vient, dans cette région, apporter des chances nouvelles à la cause fédérale. L’attaque contre Mobile contraint les confédérés à opérer une nouvelle division de leurs forces ; elle soutient ainsi par une diversion puissante l’entreprise de Sherman. En somme, quand on examine la carte de la guerre, on voit les fédéraux gagner sans cesse dans le territoire confédéré des positions importantes, tandis que les confédérés n’acquièrent rien sur le nord. Si l’issue de la campagne actuelle de la Géorgie est défavorable aux confédérés, il paraît difficile que le gouvernement de Richmond puisse continuer longtemps encore la lutte.

Nous demandons la permission de ne point parler des entrevues de souverains, de ne point nous joindre à la queue des nouvellistes empressés autour de ces têtes couronnées en voyage et tirant des horoscopes politiques des capricieuses conjonctions de ces astres. On n’attend point de nous que nous racontions les représentations de gala et la fête donnée à Versailles au roi d’Espagne. Nous espérons que la peinture conservera le souvenir de la visite du petit-fils de Philippe V à l’empereur Napoléon, et nous serons curieux un jour de voir ce pendant philosophique au tableau où M, Ingres a représenté les adieux de Louis XIV au duc d’Anjou. La visite du roi de Prusse à l’empereur d’Autriche ne nous intéresserait même pas en peinture. Que s’est-on dit à Schœnbrunn ? M. de Bismark a-t-il moins réussi cette fois à Vienne qu’à son précédent voyage ? Quand finiront les négociations