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LA
MARINE D'AUTREFOIS

II.
LA FLOTTE FRANCAISE ET L'ESCADRE DU LEVANT EN 1840.


I

À l’époque où m’ont conduit ces souvenirs[1], une ère nouvelle s’ouvre pour la marine française en même temps qu’éclate une crise longtemps attendue dans la question d’Orient. L’Angleterre, d’accord avec la Russie, l’Autriche et la Prusse, entreprend de régler le conflit turco-égyptien sans la participation de la France. L’isolement où l’on a voulu nous jeter devient un sérieux danger pour la paix du monde. Menacés de prochaines attaques, nous voyons notre organisation maritime se développer et grandir chaque jour. Nul marin ne peut se rappeler sans émotion ces années de confiante ardeur, cette époque féconde d’où date pour la France le premier essai d’une armée de mer permanence ; nul n’oubliera non plus que l’honneur d’avoir alors préparé nos vaisseaux à la lutte appartient sans conteste à l’amiral Lalande.

On était à la fin de 1838. L’amiral était depuis six mois mouillé sur la rade de Tunis : il y raffermissait par ses sages conseils le pouvoir du bey, ébranlé par les intrigues de la Porte, lorsqu’il

  1. Voyez la Revue du 15 août dernier.