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Le XIVe siècle, brillant ailleurs, est terne en France ; mais chez nous-mêmes il n’en conserva pas moins l’ardeur au travail et l’activité dans toutes les voies. Beaucoup d’efforts, un succès moindre que les efforts, voilà ce qui résulte de ce vaste résumé où M. Le Clerc a retracé la production intellectuelle de cent années. Trouver les détails est œuvre d’érudit, les enchaîner par un lien réel est œuvre d’historien. Ici, ni l’érudit ni l’historien n’ont fait défaut l’un à l’autre, si bien que, pour les détails, moi qui rends compte, je n’ai qu’à choisir, et que, pour l’enchaînement, celui qui lit embrasse, dans une distribution habilement ménagée, la série des compositions et la série des influences sociales.


IV. — DE LA ROYAUTE ET DE L’ORDRE LAÏQUE.

Conformément au plan qu’il s’est tracé, M. Le Clerc a considéré la royauté et l’ordre laïque dans leurs rapports avec les lettres durant le XIVe siècle. Ce siècle s’ouvre par Philippe le Bel, sa querelle avec la papauté, et la rupture de la monarchie avec le monde catholico-féodal, non pas quant à la foi, mais quant au régime ; la royauté commence à se dégager aussi bien des liens du pouvoir ecclésiastique que de ceux du pouvoir féodal. « Pourquoi, dit M. Le Clerc, ce règne est-il une grande date dans l’histoire du monde ? C’est précisément pour cette résistance à la suprématie des papes, résistance victorieuse, dont quelques historiens, même parmi ceux qui profitent de ce qu’on lui doit, persistent à le blâmer. Ils semblent oublier combien il fallait avoir alors de sens et de courage pour combattre la religieuse confiance qui, depuis plusieurs siècles, remettait la toute-puissance, et spirituelle et temporelle, entre des mains qu’on disait infaillibles. » On remarquera que cette tentative aurait pu avorter comme celle des empereurs allemands ; mais le temps avait marché, et le roi trouva la nation prête à le seconder. Sans suivre M. Le Clerc passant en revue le roi, le conseil du roi, le parlement, les princes du sang, la noblesse, le tiers-état, les états-généraux, les universités, les bibliothèques, les copistes et les libraires, je prendrai quelques détails, et je n’ai, je l’ai déjà dit, qu’à choisir.

Les copistes parisiens, soit clercs, soit laïques, étaient renommés pour leur habileté. Guillebert de Metz, le grand admirateur de Paris « en l’an quatorze cent, quand la ville estoit en sa fleur, » compte parmi les personnages notables de cette ville : « Gobert, le souverain escripvain, qui composa l’art d’escripre et de taillier plumes, et ses disciples qui par leur bien escripre furent retenus des princes, comme le jeune Flamel, du duc de Berry ; Sicart, du roi Richart d’Angleterre ; Guillemin, du grand maistre de Rhodes ; Crespy, du duc d’Orléans ; Perrin, de l’empereur Sigismundus de Rome. »