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montagnes sont couvertes de maquis, comme en Corse, en Sardaigne sur le littoral toscan. Le chêne vert, dont le nom ilex revit dans l’italien leccio, le chêne-liège, l’arbousier aux fruits rouges, le genévrier et le myrte, dont les baies parfumées font les délices des grives et des merles qui viennent s’abattre, dans ces fourrés, le lentisque et le térébinthe aux feuilles odorantes, la bruyère, dont les fleurs s’étalent en grappes roses le long des étroits sentiers, composent surtout la végétation des maquis. Le romarin, la sauge, le genêt d’Espagne, le fenouil de mer, répandent leurs fortes senteurs dans l’atmosphère, déjà imprégnée des émanations salines. On est là dans une zone botanique distincte, sous un climat particulier. C’est le climat si bien nommé méditerranéen[1], et dont quelques îles, comme l’île d’Elbe, présentent le type parfait.

La faune des maquis n’est pas aussi variée que leur flore. On ne rencontre guère que des martres, des écureuils, des lièvres. Autrefois on trouvait aussi des sangliers. Parmi les animaux malfaisans, on ne cite que la vipère et la tarentule, araignée venimeuse assez commune dans le centre et le midi de l’Italie. Les scorpions et les scolopendres sont peu dangereux. Les oiseaux qui vivent dans l’île sont surtout des oiseaux de passage : les bécasses, qui désertent aux premières approches de l’hiver les parages glacés du Caucase pour traverser la Méditerranée ; les becfigues, qui, lorsque la saison des fruits est finie dans le Levant, partent pour des pays moins précoces ; les cailles, qui viennent de Syrie et d’Afrique dès le mois de juillet, et qui, fatiguées de leur long voyage, s’arrêtent volontiers dans les îles qu’elles rencontrent sur leur chemin.

Deux roches principales, les granits et les serpentines, se sont partagé le domaine géologique, de l’Elbe. Les serpentines, et avec elles les roches congénères, les diorites, etc., ont fait de préférence éruption dans la partie orientale, où elles ont accompagné les dépôts de minerai de fer. Les granits ont apparu dans la partie occidentale, où, s’élevant sur le mont Capanne à une hauteur qui dépasse 1,000 mètres, ils forment le point culminant de l’île. Les reliefs de ces montagnes granitiques sont comme partout arides, déchiquetés ; la chaîne trace sur l’azur du ciel un diagramme découpé comme des dents de scie ; la végétation s’arrête à mi-hauteur, et la roche revêt, sous ce climat si pur et à certaines heures du jour, une teinte d’un rose violacé qui encadre heureusement le paysage. Les serpentines au contraire se détachent en dômes isolés, arrondis, couverts de maquis jusqu’à leur cime. Quand elles ! se montrent à nu, ce qui est rare, elles affectent une teinte d’un

  1. Voyez, sur le climat méditerranéen, la Revue du 15 juillet 1864.