Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/597

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On sait qu’après l’assaut infructueux du 22 mai le général Grant avait investi les fortifications de Vicksburg, et commencé les opérations lentes, mais certaines, d’un siège régulier. Le général Johnston, commandant les forces confédérées des états du sud-ouest, ne disposait pas d’une armée suffisante pour livrer bataille aux troupes fédérales et secourir la garnison de la place. Les diverses tentatives qu’il fit pour tromper la surveillance des assiégeans furent complètement inutiles; privé d’approvisionnemens et de moyens de transport, il dut renoncer à tout espoir de ravitailler Vicksburg. Dès lors la forteresse qui avait si longtemps barré le cours du Mississipi pouvait être considérée comme perdue pour la confédération. Ainsi que le prouvent les rapports officiels soumis le 4 décembre suivant au congrès de Richmond, le général Johnston ordonna péremptoirement à son subordonné le général Pemberton d’évacuer Vicksburg avec toute sa garnison et de se frayer un chemin à travers les lignes fédérales; mais Pemberton refusa d’obéir aux ordres reçus et resta dans la place pour la défendre jusqu’à la dernière extrémité, espérant que pendant l’intervalle le gouvernement confédéré pourrait lui envoyer du secours. Son espoir fut déçu; on ne put même le secourir indirectement en coupant les communications de l’armée de Grant avec le nord. Le 6 juin, Mac-Culloch, célèbre chef de partisans du Texas, surprit le camp de Milliken’s-Bend, situé au nord de Vicksburg sur le Mississipi; mais, après un combat sanglant, il fut repoussé par les régimens de nègres qui gardaient la position. La plus grande partie de l’armée séparatiste des états transmississipiens se réunit alors sous les ordres des généraux Price, Holmes et Marmaduke, pour faire une tentative contre la ville d’Helena, située également sur la rive droite du fleuve, au nord de Vicksburg; mais cet assaut, qui d’ailleurs fut repoussé comme celui de Milliken’s-Bend, ne put avoir lieu que le 4 juillet, le jour même de la chute de Vicksburg. Depuis plusieurs jours déjà, les travaux de sape avaient fait de tels progrès que la prise de la ville était devenue certaine : une résistance plus longue de la part de la garnison n’aurait eu d’autre résultat que d’amener une grande effusion de sang. Le 3 juillet, le général Pemberton demanda une entrevue au général Grant, son ancien compagnon d’armes dans la guerre du Mexique, et débattit avec lui les termes de la capitulation. Le 4, à dix heures du matin, les troupes fédérales entraient à Vicksburg en jouant Dixie, l’air national des états du sud, comme pour rendre hommage à la garnison qui s’était si vaillamment défendue. Lorsque le drapeau étoile fut arboré sur les remparts de la ville, un religieux silence plana, dit-on, sur toutes les troupes; plus tard seulement vinrent les acclamations.