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« résolutions ultérieures » de M. de Rechberg, il était évident que, pour le moment du moins, la mission du prince de Metternich n’avait point abouti. La France avait échoué dans ses deux tentatives auprès de la Russie et de l’Autriche, et elle se trouvait, vers la fin de mars 1863, à son point de départ des premiers jours du même mois : devant l’invitation que lui avait adressée l’Angleterre de faire à la Russie des remontrances communes au nom des traités de Vienne.


III.

C’est à l’heure qu’il est la tactique favorite des publicistes et des hommes d’état de l’autre côté de la Manche de reprocher au gouvernement français le dernier martyre de la Pologne, et de se consoler de l’abandon honteux du Danemark par la pensée que la France a patiemment laissé immoler un peuple ami sur les bords de la Vistule et de la Wilna. L’organe de la City revient avec complaisance sur ce douloureux sujet, et se donne la joie de démontrer que les démarches « vacillantes et décousues » du cabinet des Tuileries n’ont contribué qu’à encourager les Polonais dans une résistance désespérée et à rendre la compression d’autant plus sanglante et cruelle. L’Angleterre semble ainsi complètement oublier qu’elle a eu la plus grande part dans ces démarches « vacillantes et décousues, » et qu’elle a contribué plus que tout autre à grossir en Pologne le torrent de sang. On peut discuter la justesse des moyens employés par la politique française dans son intervention pour la Pologne; on peut se demander si cette politique n’a point manqué d’à-propos, d’insistance ou d’audace à tel moment donné, mais on ne saurait être en doute ni sur le but qu’elle poursuivait, ni sur le désir sincère qu’elle avait de porter un secours réel à un peuple en détresse. La France a d’abord hésité à se prononcer dans la question polonaise, en partie, il est vrai, dans la crainte de « compromettre une des premières alliances du continent, » selon la parole d’un discours impérial, mais en partie aussi dans la juste prévision que de vaines protestations ne serviraient qu’à envenimer la lutte. Lorsque plus tard elle s’est décidée à sortir de l’abstention, elle avait commencé... par où devait finir l’Angleterre, par un appel à la « bienveillance et à la conciliation » du tsar; mais cet appel, fait au mois de mars par une puissance amie et alliée, avant toute représentation solennelle et dans le désir même de rendre une représentation de cette nature superflue, était à coup sûr bien plus naturel et digne que celui qu’adressait le comte Russell au mois d’octobre, après avoir multiplié les notes irritantes et pour clore piteusement un débat plein de provocations : le premier était inu-