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la force de l’âge, fournissent des points de comparaison trop favorables; dans l’armée cependant, qui est composée partout des mêmes élémens, la mortalité est moindre en Australie non-seulement qu’aux Indes, aux Bermudes, à l’île Maurice et autres localités à climat excessif, mais moindre même qu’en Angleterre et dans les stations coloniales les plus salubres. Un fait plus significatif de la convenance du climat pour la race européenne est que les caractères distinctifs de la race ne s’y modifient pas après plusieurs générations. L’Anglais transplanté sur les rivages de l’Amérique du Nord est devenu le Yankee aux traits proéminens, à la charpente osseuse, aux cheveux bruns et épais; dans la Tasmanie, colonisée depuis soixante ans, et qui, dépourvue de mines d’or, n’a pas eu en ces dernières années une trop abondante invasion d’émigrans, l’Anglais conserve le type national. Il se retrouve là, il est vrai, dans des conditions climatériques presque semblables à celles des îles britanniques. Au milieu du continent, dans la Nouvelle-Galles du Sud, sous l’influence d’une température plus chaude, un œil exercé peut reconnaître déjà que les caractères de race se dégradent. Quant aux parties tropicales du continent, elles ont été défrichées si récemment que la population n’y a pu éprouver encore l’effet du climat; il n’est guère douteux que les générations à venir ne conserveront qu’une empreinte très effacée de la mère-patrie.

Si la nature humaine est soumise, comme il n’est guère permis d’en douter, à l’influence du climat et des productions du sol, on peut prévoir que la population de l’Australie ne sera pas toujours aussi homogène qu’elle l’est actuellement. Les divisions administratives et politiques de l’époque présente contiennent sans doute en germe autant d’états distincts. Quoique issus d’une même souche, les établissemens fondés en divers points du continent ont déjà trop de tendances à s’isoler. A mesure que le pays se peuple et se colonise, les questions qui agitent toutes les nations du globe, revendications de frontières, sécessions de provinces, se soulèvent l’une après l’autre. Jusqu’ici, il est vrai, elles ont été résolues, sinon sans aigreur, au moins sans effusion de sang, ce qu’il faut attribuer à la modération des parlemens locaux et à la sage fermeté du gouvernement impérial, qui guide d’une main légère les destinées de contrées si lointaines.


IV.

Les colonies anglaises de l’Océan austral, Australie, Terre de Van-Diemen et Nouvelle-Zélande, furent désignées pendant longtemps dans le langage officiel sous le nom unique de Nouvelle-Galles du Sud et administrées par un gouverneur-général qui résidait à Syd-