Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 55.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1865.

Le début de l’année nouvelle est heureux. On n’y voit aucun de ces symptômes de difficultés graves et pressantes qui tous les ans, à pareille époque, depuis 1859, excitaient de générales inquiétudes. Le commencement de 1865 ressemble à l’aube d’un jour serein : c’est un ciel pur, finissant à l’horizon par des tons doux. Qu’on se reporte seulement un an en arrière : nous en étions alors au discours impérial qui proclamait la ruine du système politique européen, et ne montrait d’espoir pour la paix du monde que dans la réunion d’un congrès. Nous n’avons pas eu le congrès, quelques iniquités politiques nouvelles ont été commises dans notre vieille Europe, et nous avons des apparences de paix telles que nous n’en avions plus connues depuis le commencement de 1858. Le ton des petites allocutions prononcées par l’empereur à l’occasion du jour de l’an s’est conformé avec une justesse particulière à cet aspect nouveau, des circonstances. L’empereur a dit au corps diplomatique que la France serait toujours guidée, dans ses rapports avec les nations étrangères, par le respect du droit et l’amour de la paix et de la justice. Dans sa réponse au sénat, il a pris soin de marquer lui-même d’un trait les heureuses perspectives du moment, en se félicitant du tranquille dénoûment où étaient venues se fondre les alarmes des premiers mois de 1864.

Il est une de ces petites allocutions impériales du jour de l’an qui ne touche en rien à la politique, et qui pour cela nous a peut-être frappés davantage, comme donnant la note d’une situation qu’il est curieux de saisir à la volée. Nous voulons rappeler les paroles adressées au chancelier de la Légion d’honneur, « au général de l’empire et au dernier aide-de-camp de l’empereur, » qui n’est autre que M. le comte de Flahault. Tout le monde connaît la brillante et longue carrière, aujourd’hui si heureusement couronnée, de M. le comte de Flahault. Il semble que rien n’ait manqué, en fait d’éclat, d’élégance et de bonheur, à la vie de cet homme distingué. Il a connu