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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 avril 1865.

La discussion de l’adresse finira au corps législatif avec la présente semaine. Ainsi que nous le faisions remarquer il y a quinze jours, il est difficile, sinon impossible, de mesurer au moment même le progrès qu’une discussion aussi importante, aussi diverse et aussi prolongée peut faire accomplir à l’éducation politique du pays. Le droit d’initiative et d’interpellation manquant au corps législatif, nous devons tenir grand compte assurément du champ que le vote de l’adresse, dans sa forme actuelle, ouvre aux débats parlementaires. La manifestation et la contradiction des opinion, n’ont point chez nous d’autre occasion de se produire. À un certain point de vue, cette vaste délibération sur l’ensemble des affaires générales du pays n’est point sans avoir un certain caractère de grandeur et d’éclat. Cependant nous sommes de ceux qui souhaiteraient que le corps législatif fût investi du droit d’initiative, et pût, grâce à cette attribution, restreindre considérablement, sans dommage pour le public, le débat de l’adresse. On aura beau dire, une discussion de l’adresse qui dure trois semaines, et qui embrasse toutes les questions à la fois, sans avoir égard aux degrés divers d’intérêt qu’elles présentent, ni à l’opportunité, n’est point une forme pratique du gouvernement parlementaire. Cet entassement et cette promiscuité des questions politiques nuisent à la bonne délibération et à la bonne solution des affaires. La discussion a le double défaut d’être trop prolongée dans l’ensemble et trop écourtée dans le détail. Les sujets que parcourt le débat se nuisent réciproquement par le voisinage. En l’absence du droit d’initiative, qui mettrait les choses à leur rang, les prendrait au bon moment et permettrait de les traiter à fond, le débat de l’adresse, dans sa forme actuelle, fait ressembler les corps politiques à ces debating societies, à ces congrès scientifiques, qui font du dilettantisme et non de la politique véritable et positive. Il y a là un contre-sens qu’il faut bien signaler, si l’on veut expliquer comment il arrive que la discussion