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de la foi sous l’autorité d’un chef complètement souverain dans la résidence qu’il occupe, » M. Thiers ne s’aperçoit-il pas qu’il dépasse de beaucoup le dogme religieux, que jamais la foi des catholiques n’a été liée à la souveraineté du pape sur sa résidence, — que penser autrement, ce serait exclure du catholicisme les premiers et les plus beaux siècles de son histoire, que par conséquent les catholiques ne puisent dans cette foi prétendue aucun droit de conscience contre l’indépendance des Romains ? Si l’on y regardait de près, il est d’autres appréciations de M. Thiers qui ne sont point faites pour paraître orthodoxes aux catholiques. La crainte qu’éprouve l’illustre orateur de voir les papes, s’ils perdaient la souveraineté de Rome, tomber au rang des patriarches de Constantinople ne sera point et ne saurait être partagée par les catholiques. À leurs yeux, l’évêque de Rome a reçu d’autres promesses que l’évêque de Constantinople ; puis, chez les patriarches byzantins, le schisme, la séparation, avaient été précédés et motivés par l’hérésie. Nous croirions manquer au respect que nous devons à M. Thiers, si nous tentions de marauder autour d’un discours auquel on ne peut répondre que par une contradiction attentive et méditée. Cependant, en quittant ce merveilleux morceau d’éloquence, nous ne pouvons nous empêcher de faire deux observations pour nous rassurantes : la première, c’est que M. Thiers parle des Italiens en termes sympathiques ; il est pour eux bienveillant et juste, il reconnaît la sagesse et l’esprit politique qu’ils ont montrés depuis leur émancipation ; la seconde, c’est qu’il n’indique aucun plan de conduite par lequel il soit possible de mettre fin à la difficulté romaine. La convention du 15 septembre est au moins un moyen pour nous de sortir de la question italienne, et peut-être aussi le meilleur moyen de préparer une réconciliation entre, le pape et l’Italie. M. Thiers blâme les faits accomplis, mais ne suggère aucune combinaison qui les puisse détruire ou corriger ; il ne nous apprend point comment on peut sortir des difficultés qu’il signale. « La seule façon d’en sortir était de n’y point entrer » semble dire son discours d’un air narquois. Ce silence de M. Thiers sur les solutions nous console ; s’il en connaissait de plus efficaces que la convention du 15 septembre, il n’eût point manqué de nous en faire part, et s’il en existait de semblables, il est certain qu’il les connaîtrait. Attendons alors l’événement sans trop de trouble, en faisant des vœux pour que l’Italie et la cour de Rome donnent au monde une meilleure idée de leur sagesse, que celle qu’en ont en France leurs trop chaleureux amis.

Tandis que nous achevons le débat de l’adresse, le parlement anglais a terminé la première partie de sa session et a pris depuis huit jours ses vacances de Pâques. La session anglaise a été jusqu’à présent assez terne et fort peu accidentée. C’est à peine si on a pu relever depuis deux mois une séance intéressante de la chambre des communes ; il n’y a point eu de lutte de parti ; la seule discussion de quelque importance a été motivée par une demande de crédit pour construire des fortifications au Canada. De