Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE
STATION NAVALE
AU JAPON EN 1863-1864

Le vaste pays formé par le groupe d’îles qui s’étend au nord des mers de Chine attire sur lui, depuis quelques années, l’attention des principales nations de l’Europe. C’est en 1858 surtout que le Japon commençait à sortir de l’isolement où il s’était renfermé jusque-là, il ouvrait aux commerçans étrangers les trois ports de Kanagava, Nagasaki et Hakodadé[1]. Cette mesure libérale était malheureusement suivie presque aussitôt d’actes nombreux qui en modifiaient gravement la portée. Le plus considérable des trois ports ouyerts par les traités, Ranagava, offrait aux navires un mouillage sûr, dans une large baie, à quelques lieues au sud de Yédo. C’est à Ranagava que se portèrent, comme on devait le prévoir, les premiers arrivans ; mais le gouvernement japonais ne tarda point à s’alarmer des relations intimes et journalières qui se formaient, dans un port si voisin de Yédo, entre la population indigène et les Européens. Il jugea prudent d’assigner à ceux-ci un lieu de résidence moins fréquenté que Ranagava. On combla un marais qui s’étendait à deux milles plus au sud, et quelques baraques en bois furent construites sur cet emplacement. Les Européens s’y établirent d’abord provisoirement ; puis ils reconnurent que le mouillage de Yokohama (c’était le nom de la nouvelle ville) valait mieux que celui de Ranagava, et que cette position leur offrait, par son isolement

  1. Voyez sur l’histoire et la constitution intérieure du Japon les études de M. Lindau dans la Revue des 1er mai, 1er juillet, 1er août, 1er septembre et 15 octobre 1863.