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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/265

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première de ces bases était la rentrée pure et simple des états sécessionistes dans l’Union et leur soumission à la nouvelle disposition constitutionnelle qui abolit l’esclavage. Cette rectitude légale les a préservés de la tentation de prendre en considération les propositions hostiles à l’Europe que les hommes du sud venaient leur présenter. La négociation a échoué ; M. Jefferson Davis, par un mâle et bouillant discours, a essayé de ranimer l’ardeur des sentimens séparatistes, et a dit à ses compatriotes que le nord ne voulait les traiter qu’en vaincus. Le brave général Lee, qui, lui aussi, a blâmé à l’origine la séparation et ne s’y est rallié que par un scrupule de conscience qui lui a fait croire qu’il se devait à son état natal, la Virginie, ayant d’appartenir à l’Union, et que la petite patrie devait passer avant la grande, — le général Lee a pris le commandement en chef des armées confédérées, mais le cercle des forces fédérales se rapprocha du grand foyer de la sécession. La cause rebelle perd toutes ses. issues sur la mer. Encore quelques mois, et après un héroïque et suprême effort les hommes du sud seront bien contraints de reconnaître leur funeste erreur et de rentrer dans cette Union où ils seront, reçus avec une générosité cordiale, comme on pouvait le pressentir aux applaudissemens qui accueillaient, naguère les commissaires confédérés passant à travers les lignes fédérales.

Le discours d’ouverture de la session n’a pas seulement présenté un tableau rassurant de la situation extérieure, il a tracé un intéressant programme de questions intérieures qui pourront utilement défrayer le travail législatif de cette année. Parmi les projets annoncés par l’empereur, tous n’ont point une égale importance. On s’occupera de généraliser l’instruction primaire sans prononcer le mot d’instruction obligatoire. On étudie une loi qui va porter dans l’industrie des transports maritimes les principes de la liberté commerciale. On supprimera les obstacles que pouvaient rencontrer dans notre législation ces intéressantes sociétés de coopération qui ont pris un si rapide développement en Allemagne et en Angleterre, et auxquelles déjà nos classes ouvrières s’initient avec un juste empressement. Des mesures protectrices de la liberté individuelle sont préparées : la contrainte par corps sera abolie ; une autre loi autorisera la mise en liberté provisoire avec ou sans caution même en matière criminelle. Le projet de loi qui avait été annoncé sur l’accroissement des attributions des conseils municipaux et départementaux a été présenté. Nous avions espéré que la nouvelle loi nous mettrait sur la voie d’une véritable émancipation municipale, et aurait ainsi le caractère d’une importante loi politique. Le projet ne remplit point cette espérance et ne dépasse pas la portée de réformes administratives d’un intérêt médiocre.

Parmi les projets de lois de l’ordre économique, il en est un dont on parle avec grand éloge, et qui est, dit-on, de nature à satisfaire les partisans éclairés de la liberté : c’est une nouvelle loi sur les sociétés commerciales.