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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/645

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plaisant ou satirique, qui les ont idéalisées, sinon dans le sens de la beauté, du moins dans le sens comique : Geyer par exemple[1], Hasenclever[2], Danhauser[3], qui a fait aussi quelques excursions médiocrement heureuses dans le genre larmoyant et mélodramatique[4] ; Spitzweg, qui a poursuivi de ses caricatures la petite bourgeoisie, les philistins, comme l’on dit en Allemagne ; Schrœdter, célèbre par ses parodies et ses types comiques ; enfin Richter, plutôt dessinateur que peintre, le Gavarni d’outre-Rhin, qui a représenté avec beaucoup d’esprit et une grande finesse de trait les mœurs de toutes les classes de la société.


II

En dehors du mouvement dont nous venons de retracer les diverses évolutions et de nommer les nombreux représentans, on rencontre un artiste qui, après avoir sacrifié dans sa jeunesse au réalisme et à toutes les tendances de l’école de Munich, a fini par se créer une manière entièrement indépendante. Il est rentré résolument dans la voie de l’idéalisme classique et se trouve aujourd’hui en opposition avec toutes les écoles allemandes. L’élévation et la fécondité de son talent le placent au premier rang parmi les peintres modernes. Ceux qui en France ont présenté Kaulbach comme étant simplement le disciple et le continuateur de Cornélius n’ont assurément pas fait de son œuvre une étude sérieuse et complète. Ils se seront sans doute contentés d’observer ces fresques de la Nouvelle-Pinacothèque à Munich, où l’artiste s’est peint lui-même chevauchant sur Pégase en croupe derrière Cornélius et Overbeck, et ils n’auront pu penser que, dans cette représentation monumentale, Kaulbach ne se fût pas rendu justice à lui-même. S’ils avaient considéré attentivement le reste de ses productions, s’ils avaient surtout connu les plus récentes, ils se seraient aperçus du contraste qui existe entre le style de ces fresques et la manière définitivement adoptée par le peintre. Ces compositions forment une exception, on pourrait dire une tache dans sa carrière : il ne faut y voir qu’une concession fâcheuse du peintre au mauvais goût de ceux qui lui faisaient des commandes. En chargeant Kaulbach de représenter sur les murs extérieurs de la Nouvelle-Pinacothèque l’histoire de l’art allemand au XIXe siècle, le roi de Bavière lui avait imposé un sujet bien ingrat. Demander la reproduction en fresques immenses d’événemens contemporains dénués pour la plupart de

  1. La Consultation de médecins, etc.
  2. Scènes de la Jobsiade.
  3. L’Atelier de peinture, l’Ouverture du Testament, etc.
  4. Une Jeune fille faisant à son père l’aveu d’une faute, etc.