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cienne ville. Elles ne possédaient aucun établissement public, elles étaient mal éclairées, mal pavées, sales et malsaines : l’annexion a pourvu à tout. Aussi l’opinion publique ratifie-t-elle chaque jour les résultats économiques d’une mesure que le soin de la tranquillité publique semblait seul avoir dictée.

L’augmentation du nombre des habitans et le développement de la richesse publique accrurent donc tout naturellement avec la consommation les revenus ordinaires de la ville. Il n’est pas facile de mesurer exactement les progrès de la fortune privée et de savoir, par le chiffre des bénéfices obtenus ou des économies réalisées dans toutes les classes de la population, comment elle a pu satisfaire à des besoins de jour en jour plus étendus et plus coûteux ; mais c’est une comparaison qui n’est pas sans profit que celle du nombre des habitans avec le chiffre du revenu municipal. Dans le cas où la progression serait égale des deux côtés, il n’y aurait là qu’un fait naturel dont il ne faudrait se féliciter à aucun titre. C’est seulement lorsque la consommation, plus grande pour chaque habitant, révèle plus d’aisance, qu’il y a lieu de présenter avec satisfaction l’accroissement du chiffre des recettes du budget. Or si les recettes figurent en 1846 pour 3,742,000 fr., en 1853, dans le premier compte réglé après l’annexion, pour 4,643,000 fr., enfin dans le budget de 1864 pour 9,142,000 fr., l’octroi seul, c’est-à-dire le produit de la consommation, est de 2,821,000 fr. en 1846, de 3,229,000 fr. en 1853, enfin de 6,900,000 fr. pour 1864. Dans ces recettes ne figure bien entendu aucune imposition extraordinaire, et le produit des taxes additionnelles sur les liquides n’entre pas non plus dans les comptes de l’octroi. Ainsi la consommation s’est rapidement accrue, et, comme le faisait remarquer le préfet du Rhône au conseil municipal, parmi les objets d’alimentation par exemple, dans une simple période de six ans, elle s’est augmentée pour les boissons de plus des deux tiers, pour les denrées alimentaires de plus des deux cinquièmes, pour les têtes de bétail entrées à Lyon d’un tiers au moins. Il est vrai qu’à côté de ces chiffres il faut placer ceux de la population. Une fois l’agglomération nouvelle constituée, le nombre des habitans, qui est de 258,000 en 1854, s’élève à 292,000 en 1857, et à 318,000 en 1862. Le prochain recensement va le porter à bien près de 350,000. Si donc en dix ans les recettes de la ville par suite des progrès de la consommation ont doublé, dans le même temps le chiffre de la population a gagné près de 100,000 âmes, ce qui implique même, sans aucun accroissement de la fortune de chacun, une augmentation d’un tiers dans le revenu municipal.

Connaît-on la cause véritable de ce progrès de la population ? Est-il dû à une plus grande activité du travail ? Pour ce qui con-