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et par conséquent le plus digne d’encouragement. On sait avec quelle rapidité les sociétés de secours mutuels se sont multipliées à Lyon. Il se forme maintenant des sociétés de crédit, de consommation, de fabrication même. La société lyonnaise du crédit au travail est l’émule de celle qu’un homme persévérant a créée sous le même titre à Paris, et qui, partie des commencemens les plus modestes, a mérité, par ses progrès, d’être citée devant le sénat et louée par M. le ministre d’état. Une association de tisseurs réunit, à l’aide de versemens mensuels, le capital qui lui permettra d’entreprendre la fabrication pour le compte même de ses membres. De cette épreuve peut sortir la solution de la grave question de la fixation des tarifs entre le fabricant et le chef d’atelier. Par les résultats mêmes des entreprises de l’association, pour peu qu’elle dure, l’ouvrier se convaincra que ce n’est point le caprice qui hausse ou abaisse le prix de la main-d’œuvre, mais bien l’inflexible loi de l’offre et de la demande. Enfin une grande société mutuelle de consommation se forme en ce moment, qui pourrait rappeler les magasins fraternels de 1849, mais qui, à en juger par le nom de ses administrateurs, veut être une pure affaire commerciale, ce qui ne l’empêchera pas, tout au contraire, de servir à la démonstration de saines vérités économiques.

On le voit, presque toutes les questions qui avaient à Lyon plus qu’ailleurs si profondément troublé les esprits il y a seize ans n’ont pas cessé de les préoccuper ; mais elles ont dépouillé le caractère menaçant qu’on leur a connu. Le milieu où elles se produisent est plus calme, les idées justes ont prévalu et ce n’est pas trop s’avancer que d’espérer une prochaine et heureuse solution de ces questions redoutables qui semblaient toujours grosses de guerre civile. Sans donc nous arrêter aux critiques que méritent à coup sûr ceux qui n’ont pas su prévoir et par conséquent avancer l’heure du double mouvement intellectuel et économique dont le pays est agité, bornons-nous à souhaiter que d’injustes méfiances ne viennent point en arrêter la marche. Fasse en outre la Providence que des événemens imprévus n’en détournent pas la France elle-même !


BAILLEUX DE MARISY.