L’histoire n’est point une froide poussière qu’une vaine curiosité remue pour en faire sortir de muettes et impassibles images. Elle est pétrie avec du sang ; elle est faite avec tout ce qui nous émeut et nous enflamme encore. Elle est comme un champ de bataille retentissant où, sous des noms nouveaux, sous des formes nouvelles, se déroulent incessamment des luttes qui ont commencé avant nous et dont nous ne verrons pas la fin. Quand le drame de la vie des peuples se resserre et se résout en quelque explosion émouvante, quand des questions qui touchent au droit d’indépendance nationale, à la liberté religieuse, se réveillent tout à coup et mettent aux prises toutes les passions, tous les instincts, nous avons assez souvent l’ingénuité de croire que notre siècle entre tous a le privilège de ces grandioses et douloureuses convulsions. Ces questions ont mille fois agité le monde ; ce drame, c’est l’histoire elle-même, au courant de laquelle se forme comme une double tradition : d’un côté, les idées d’émancipation et d’affranchissement qui se propagent, s’étendent, s’affirment dans le sang, se retrempent dans les
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Apparence
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UNE
GUERRE DE NATIONALITE
AU XVIe SIECLE
LE DUC D'ALBE ET LES PAYS-BAS.
Histoire de la Fondation de la République des Provinces-Unies, par H. Lothrop Motley, précédée d’une introduction par M. Guizot ; 4 vol. in-8o. Michel Lévy.