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système de répression intrinsèquement vicieux, il ne faudra rien moins que la virile résolution de s’engager à tout prix, et par un effort suprême, dans une voie nouvelle ? Ce sentiment au surplus, on le voit poindre et apparaître dès 1830, à l’origine même de la question. Pourquoi ne dirais-je pas que j’eus alors l’occasion de l’exprimer moi-même dans un livre qui n’a pas échappé à sa destinée, en tombant, avec beaucoup d’autres du même temps et sur le même sujet, dans un profond oubli ? Trente ans se sont écoulés, et voilà que je retrouve chez un magistrat très éclairé sans contredit, on ne peut plus compétent, les mêmes doléances et les mêmes appréhensions. Ainsi, et bien mieux sans doute que je ne l’ai fait alors, M. le conseiller Bonneville signale l’insuffisance avérée des modes actuels de répression, et par suite l’impérieuse nécessité, d’y pourvoir. Au plus vite ! et sans hésiter. Ce n’est pas tout : s’emparant à son tour de l’avenir, il se met curieusement à la recherche des moyens les plus propres à rendre une certaine vigueur à l’intimidation préventive, tandis qu’ils auraient en outre cette autre et singulière vertu de concourir plus efficacement à la réforme morale des condamnés.

Voilà bien le but : il serait difficile de l’indiquer avec plus de clarté et de précision. Parmi les moyens proposés pour l’atteindre, il en est deux, — l’abolition des circonstances atténuantes facultatives et la liberté préparatoire des condamnés, — sur lesquels M. Bonneville insiste plus particulièrement : c’est bien là que viennent se résumer en effet ses plus chères espérances, et rien certes ne se comprend mieux, car si ce n’est pas absolument toute la question, du moins est-il très vrai que l’on touche ainsi à ce qu’elle offre, de plus neuf et de plus, délicat. Peut-être est-il bon d’ajouter, ne serait-ce que pour conserver au débat sa physionomie la plus vraie, que M. Bonneville contre avec une prudence si étudiée et tant de circonspection, qu’il se montre en définitive bien plus enclin à fortifier ce qui existe par des dispositions accessoires et complémentaires qu’à tenter les innovations profondes et hardies dont peut-être tel autre, même sans en être par trop ému, ne craindrait pas d’accepter la responsabilité. Ce rapprochement met donc en présence deux systèmes qui, tout en visant aux mêmes fins, diffèrent néanmoins, et beaucoup, par les procédés ; si l’on pèche d’un côté par un excès de réserve, peut-être de l’autre serait-on bien près de céder à l’entraînement d’une trop vive ardeur. Ni les uns ni les autres ne devraient cependant oublier que le mieux en toutes choses est de se garder des opinions extrêmes, car ce n’est pas à elles que retient en général l’honneur des meilleures solutions.

Quoi qu’il en soit, l’antagonisme des deux systèmes ainsi définis et caractérisés marque nettement le point exact où la questionnée pé