vaux faits de main d’homme, qui, sur une côte sans abri, ont transformé un mouillage dangereux en un excellent port. Les officiers qui, pendant les premières années de la conquête, eurent le périlleux honneur de marquer sur le terrain le lieu où les villes nouvelles devaient être édifiées se sont trop souvent peut-être laissé guider par les restes de l’occupation romaine. Batna, Sétif, Aumale, en sont des preuves manifestes, et, pour cette dernière localité au moins, on peut douter que le choix ait été judicieux. Ce qui nous sépare des Romains au point de vue des mœurs et des institutions est assez évident pour qu’il soit inutile d’expliquer que les colonies et municipes de l’antiquité, vraies places de guerre, ne sont pas toujours situés comme il convient à la population de notre époque, qui doit se proposer principalement de mettre en valeur les richesses agricoles ou minérales du pays. Ne devons-nous pas regretter aussi qu’on n’ait pas fait revivre en quelques lieux les noms de l’antiquité en place de dénominations banales empruntées au calendrier, ce qui n’est qu’indifférent, ou, ce qui est un inconvénient plus sérieux, à la géographie de la mère patrie ?
La nouvelle carte de l’Afrique romaine est le résumé graphique d’une somme da travail vraiment considérable. Les recherches archéologiques qui lui ont servi de base sont dues surtout à M. Frédéric Lacroix, qui, après avoir rempli des fonctions importantes en Algérie, consacra plus de douze.années à coordonner les travaux déjà recueillis par les voyageurs. Après la mort de ce savant, l’œuvre fut continuée par M. Nau de Champ-louis, capitaine d’état-major, auquel revient le mérite d’avoir donné à ces études une forme définitive. Envisagée au point de vue historique, c’est sans contredit une entreprise d’une haute valeur, et qui, si elle n’est encore complète, servira du moins à poser l’état de la science et à guider de nouveaux explorateurs[1].
Après avoir embrassé dans un seul cadre la totalité de la surface que les Romains occupèrent dans l’Afrique septentrionale, il est à désirer que M. de Champlouis, profitant de l’expérience qu’il possède déjà en ces matières, nous donne un tableau plus détaillé des provinces qui nous intéressent le plus. En ne s’occupant pas de la Libye, de la Cyrénaïque et de la Mauritanie tingitane, qui nous sont, après tout, peu connues, en se bornant à l’Algérie, qu’il serait possible alors de représenter à plus grande échelle, ne pourrait-il tracer un figuré plus complet de l’occupation romaine, indiquer la plupart des ruines encore apparentes, sinon toutes, sauf à ne pas imposer de nom aux localités dont la synonymie est encore dou-
- ↑ Sous le rapport matériel, J’oserai dire que cette carte, malgré l’élégance du dessin topographique, n’est pas au niveau des travaux si remarquables que le Dépôt de la guerre a l’habitude d’éditer. Imprimée en cinq couleurs, en sorte que les montagnes, les eaux, les noms anciens et les noms modernes sont figurés par des teintes différentes, elle n’a pas la finesse de gravure et la netteté qui plaisent à l’œil et rendent l’étude facile.